C'était hier, samedi, jour de paye,
Et le soleil se levait sur nos fronts.
J'avais déjà vidé plus d'une bouteille,
Si bien qu'j 'm'avais jamais trouvé si rond !
V'la la bourgeoise qui radine devant l'zinc :
” Feignant ! — qu'elle dit — t'as donc lâché l'turbin ?
— Oui, que j'réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingue du Métropolitain !
Oui, que j'réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingue du Métropolitain ! “
Les citoyens, dans un élan sublime,
Etaient venus, guidés par la raison ;
A la porte, on donnait vingt-cinq centimes
Pour soutenir les grèves de Vierzon.
Bref, à part quatre municipaux qui chlinguent
Et trois sergots déguisés en pékins,
J'ai jamais vu de plus chouette métingue
Que le métingue du Métropolitain ! (bis)
Y'avait Basly, le mineur indomptable,
Camélinat, l'orgueil du pays…
Ils sont grimpés tous deux sur une table,
Pour mettre la question sur le tapis.
Mais, tout à coup, on entend du bastringue :
C'est un mouchard qui veut faire le malin !
II est venu pour troubler le métingue,
Le grand métingue du Métropolitain ! (bis)
Moi, j'tombe dessus et, pendant qu'il proteste,
D'un grand coup d'poing j'y enfonce son chapeau !
II déguerpit sans demander son reste,
En faisant signe aux quatre municipaux.
A la faveur de c'que j'étais brind'zingue,
On m'a conduit jusqu'au poste voisin ;
Et c'est comme ça qu'a fini le métingue,
Le grand métingue du Métropolitain ! (bis)
Peuple français, la Bastille est détruite,
Et y 'a z' encore des cachots pour tes fils !
Souviens-toi des géants de quarante-huit,
Qu'étaient plus grands qu'ceuss' d'au jour d'aujourd'hui !
Car c'est toujours l'pauvre ouvrier qui trinque ;
Même qu'on le fourre au violon pour un rien !
C'était tout d'même un bien chouette métingue
Que le métingue du Métropolitain ! (bis)
- date : 1886.
- texte : Maurice Mac-Nab.
- musique : Camille Baron.
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