Dans ses annonces de ce jour, outre la mise en place de jurés populaires, le ministre de la justice veut encore une fois modifier l’ordonnance du 2 février 1945. Les tenants de la tolérance zéro pour les mineurs persistent à vouloir passer en force.
Pourtant, récemment encore, dans sa décision du 10 mars 2011, le Conseil Constitutionnel (qu’on ne peut pas soupçonner d’être de gauche) a invalidé des articles de la loi Loppsi 2 en rappelant le principe de spécialisation de la justice des mineurs : «l’atténuation de la responsabilité pénale des mineurs en fonction de l’âge, comme la nécessité de rechercher le relèvement éducatif et moral des enfants délinquants par des mesures adaptées à leur âge et à leur personnalité, prononcées par une juridiction spécialisée ou selon des procédures appropriées ont été constamment reconnues par les lois de la République depuis le début du vingtième siècle».
Ce principe de la spécialisation de la juridiction des mineurs découle par ailleurs de textes de droit international ratifiés par la France tels que la Convention des droits de l’enfant.Le gouvernement invoque un postulat absurde reposant sur la différence entre les adolescents d’aujourd’hui et ceux d’hier, comme si les jeunes de seize ans étaient désormais des adultes. Or, les statistiques et différents chiffres de la délinquance ne vérifient pas cette idée. L’augmentation de la délinquance des mineurs ne constitue pas un phénomène spécifique.
La violence des jeunes ne peut pas être qu’une question de jeunes. Elle doit être combattue, bien sûr, mais par des mesures globales et pas uniquement répressives, en nous interrogeons aussi sur notre responsabilité en tant qu’adultes et sur le monde que nous offrons à ces jeunes.