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Une vie, des vies. J’ai renoué avec Kate Atkinson, que...

Publié le 14 avril 2011 par Mmepastel
Une vie, des vies.
J’ai renoué avec Kate Atkinson, que...

Une vie, des vies.

J’ai renoué avec Kate Atkinson, que j’avais découverte l’an dernier, comme en témoignent ces posts ici et .

J’ai lu son premier roman, celui par lequel elle a fait une entrée remarquée dans le monde littéraire puisqu’elle a reçu le Prix Withbread en Angleterre et celui du meilleur roman de l’année par le magazine Lire en 1996 : Dans les coulisses du Musée.

J’y ai retrouvé, comme avant, l’humour ravageur de l’auteure. Et pourtant. Si j’essayais de vous raconter la moindre bribe des histoires qui emplissent ce roman, à commencer par celle de la narratrice, Ruby Lennox, vous comprendriez rapidement qu’il n’y a guère de légèreté dans les événements racontés. Le ton est donné dès les premières pages puisque Ruby commence à nous parler dès l’instant de sa conception, résultant de l’union ratée entre un père buveur et coureur et une mère rugueuse et peu aimante. Elle est immédiatement, comme la plupart des bébés du livre, un bout de viande de plus, mal aimée, voire mal traitée. Nous suivrons sa lutte pour la survie ((agrippée à son ours Teddy, son seul trésor) dans une famille aussi chaotique et aussi dysfonctionnelle, meurtrie par des deuils innombrables, abimée par des secrets dévastateurs, rongée par une inaptitude au bonheur quasi atavique.

Car l’histoire de Ruby est entrecoupée d‘“annexes” qui consistent en de multiples retours en arrière dans l’histoire familiale de sa mère, la détestable Bunty. Mais comme toujours, rien n’est simple. Car lorsque l’on apprend à connaître l’histoire de Bunty, on apprend celle de Nell, puis de Rachel, puis d’Alice… Autant de femmes dont les vies constituent un pan dérisoire de l’Histoire de l’Angleterre, pas la glorieuse, mais celle qui, en silence, péniblement, modestement, subit les guerres et leurs deuils (les hommes à la guerre sont également évoqués avec ce mélange de crudité et de cynisme assez bouleversant à l’arrivée), et incarnent le destin de femmes au foyer dépassées par la difficultés des tâches, le quotidien lugubre -sans horizon- et les névroses laissées en héritage. Des vies gâchées. Et des vies oubliées, si Ruby (et Kate Atkinson, évidemment), n’était allée fouiller dans les coulisses précisément. Les coulisses de l’Histoire, loin des trompettes et des fanfares, les pieds dans la fange, et les mains dans des langes.

Un grand livre, qui n’est pas sans rappeler l’ambition du dernier disque de PJ Harvey.

Photographie de Lissy Elle.


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