Magazine Journal intime

Pas de cancer dans mon sein : 5 ans de rémission

Par Isabelledelyon

Cette semaine, je suis à peu près arrivée à mettre en sourdine cette attente de résultats. Je me suis vraiment consacrée, comme je le fais toujours mais là encore davantage, à mon quotidien, à me plonger le plus possible dans le présent sans penser au lendemain angoissant. C'est que l'enjeu était de taille. Soit je pouvais continuer cette vie que je me suis construite depuis le cancer en y consacrant beaucoup d'effort pour qu'elle me convienne, soit je repartais dans les traitements, chirurgie et chimio lourde auraient été au programme. Évidemment j'aurais tout affronté si je n'avais pas eu le choix. On ne fait pas ça par courage mais par manque d'option. Pour continuer à vivre, je suis prête à tout accepter.

Jusqu'à hier, tout allait bien. Je suis même sortie lundi soir avec mes copines, coucher à 1H du matin, lever à 6H, moi qui ai besoin de 8H minimum de sommeil, pour attaquer une journée de boulot très chargée mais super intéressante. Je n'ai même pas eu le temps de bailler, de cligner des yeux, je n'ai pas chômé jusqu'à 18H. Evidemment, je ne fais pas ça tous les soirs. Je dois ensuite aller me coucher plusieurs soirs de suite très tôt pour récupérer sinon je tombe malade. Je le sais parfaitement. Je me connais plutôt bien.

J'espérais aussi que le radiologue m'appelerait pour mettre fin à cette attente, je sais que c'est son habitude de rassurer ses patientes. Malheureusement il n'a jamais appelé. Plus le temps passait, plus je me disais que ça s'annonçait mal. Hier soir, je commençais à avoir du mal à ne pas y penser. Mon sommeil, cette nuit, n'a pas été fameux, j'y pensais. Aujourd'hui, j'ai eu du mal à me concentrer pour bosser mais j'ai quand même terminé tout ce que je devais finir dans la journée. Mais plus l'après-midi avançait, plus je sentais l'angoisse m'habiter.

Hier comme je n'avais toujours pas d'appel rassurant du radiologue, j'ai dû appeler ma mère pour lui demander d'aller chercher mes filles à l'école ce soir. J'ai dû lui expliquer pourquoi je devais aller à l'hôpital. Elle a aussitôt mis sur pied une autre organisation. Mon petit frère se chargeait de la sortie des classes. Elle voulait m'accompagner si ça me faisait plaisir. J'étais très soulagée de ne pas y aller seule. J'avais tellement peur de ce qu'on allait m'y apprendre et dans l'état dans lequel ça pourrait me plonger.

Elle m'a dit qu'elle ne voulait plus que je lui cache de telles nouvelles. Elle était ma mère, voulait savoir ce qui m'arrivait même si ça lui causait du souci. Elle préférait être à mes côtés, me soutenir. Ses paroles m'ont fait un immense plaisir.

Elle était à l'heure, avec sa voiture rouge flambant neuve. Mon programme informatique qui refusait de fonctionner depuis ce matin et sur lequel je m'acharnais a enfin accepté de faire son boulot correctement à l'heure prévue. Je l'ai rejointe et nous avons filé vers l'hôpital. A peine arrivées, j'ai signalé ma présence à la secrétaire. Je la connais bien, pas besoin de donner mon nom. C'est au moins un avantage de mon ancienneté. Je me sens en territoire connu. Elle a filé prévenir le radiologue de mon arrivée.

Plusieurs femmes sont passées. Heureusement que ma mère était là, avec moi, à discuter. Mon esprit était occupé et ne pouvait pas focaliser sur les résultats.
Il est venu lui-même en personne me chercher alors que c'est toujours son infirmière qui vient en salle d'attente. Mais je l'ai justement choisi pour ses qualités humaines. Il s'est aussitôt excusé de m'avoir fait attendre. Il n'avait toujours pas eu les résultats, il était en train de les charger. Voilà une explication à son absence d'appel.
Il nous a fait asseoir, s'est assis en face de nous avec ses trois écrans d'ordinateur autour de lui. Il est toujours très posé, très rassurant. Il m'a dit qu'une seule partie était disponible. Elle confirmait que je n'avais aucun cancer invasif dans mon sein. Je lui ai aussitôt demandé "Et in-situ?". Il semblait surpris de ma demande. Je ne sais pas tout, je n'ai pas cette prétention. Il m'a expliqué que compte tenu de la réaction de cellules dans mon sein, il n'y avait pas de cancer in-situ, les analyses n'auraient pu confirmer qu'un invasif. Donc pas de cancer. Il a tout de même expliqué que sur un des prélèvements, sur 1mm, le biologiste lui avait signalé la présence d'une mastose et lui avait demandé si j'avais eu des rayons. Sauvée, j'ai bien eu des rayons. Aucune cellule analysée n'était suspecte et ne pouvait devenir suspecte. Il m'a dit que dès qu'il aurait l'ensemble des résultats, il me ferait un courrier ainsi qu'à ma gynéco et qu'on continuerait comme prévu. Je ne revenais le voir que dans un an .

joie_de_vivre

J'étais très très heureuse. Ma mère aussi. Je me sentais beaucoup plus légère.

Nous sommes ressorties de là, envoi de texto aux proches et direction la voiture. Nous avons trinquer à notre santé aussitôt arrivées chez moi avec mon mari, mon frère, son amie. Mon mari était au moins autant soulagé que moi. Il était tellement angoissé et craignait tellement pour moi, pour mon devenir.
Mes copines m'amènent au resto mardi soir fêter ça. Je les ai invitées à passer d'abord chez moi, on ouvrira une autre bouteille de champagne.

Non seulement on fête cette super bonne nouvelle mais on va aussi boire à mon année supplémentaire de rémission. Voilà, ça y est, ça fait 5 ans que je survis à un cancer métastasé au foie. Je suis toujours en rémission, toujours sous herceptine toutes les trois semaines. Tranquille pour un an en ce qui concerne mes seins. Hé oui, dans un mois, c'est le foie qu'on passe au crible, enfin tout l'abdomen. C'est qu'il n'aime pas que je l'oublie complètement ce cancer mais la cohabitation ne se passe pas trop mal, pourvu que ça dure...


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