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2012, l’année de la rupture ?

Publié le 14 avril 2011 par Pierre

Un an avant le premier tour des présidentielles, comment se présente la campagne ? Au-delà des effets d’annonces, alliances électorales, petites phrases et autre écume du débat, peut-on commencer à en identifier les lignes de force et les principaux clivages ?

2012, l’année de la rupture ?
Un élément de réponse à cette (vaste) question serait de savoir qui, en 2012, portera le discours de la contestation. La réponse est loin d’être évidente, car on voit déjà poindre plusieurs niveaux de contestation par rapport à ce que l’on appelle généralement l’ordre établi.

Un premier niveau de contestation est celui que portent les partis plus ou moins anti-systèmes, qu’il s’agisse du Front National, du Front de Gauche, ou de Debout la République, voire, à un niveau différent, d’Europe Ecologie Les Verts. Contestation de l’Europe libérale, de la mondialisation ou du productivisme, ces partis voient naturellement leur audience progresser avec les ratés successifs du système néolibéral.

Deuxième niveau de contestation, celui de l’anti-sarkozysme. Qu’elle soit inspirée par une opposition idéologique, une allergie au style présidentiel, ou à un effritement de son autorité au sein de la majorité, cette posture semble susciter de nombreuses vocations. Le PS a fondé nombre de ses positions en rupture avec celles de Sarkozy (la modestie, le réalisme, la promotion du vivre ensemble, le style « provincial » de Hollande…), et, à droite, les candidats de rupture se multiplient, de Borloo à Villepin, sans oublier le tenace Bayrou ou le terne Morin. Opposition au bling bling sarkozyste ou à ses dérives droitières ? Un peu des deux, sans doute.

2012, l’année de la rupture ?
Un troisième niveau de contestation se surimpose à ces deux premiers, complexifiant encore l’équation. Finement analysée par Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin (lire « Voyage au bout de la droite », paru en 2010), l’émergence d’un mouvement contestataire d’inspiration néo-conservatrice apparaît comme un fait majeur de ces dernières années dans les démocraties occidentales. Que ce soit aux Etats-Unis, en Grand Bretagne, en Italie, aux Pays Bas ou en France, les mêmes causes produisent les mêmes effets : perte de vitesse de l’idéologie communiste, distance croissante entre les partis de gauche (de plus en plus libre-échangistes et élitistes) et le « peuple », et émergence, à droite, d’un mouvement de contestation s’appuyant notamment sur deux principes :

1. La crainte du déclassement de l’Occident, et la défense de ses « valeurs » (identité / laïcité allant de pair avec méfiance envers l’Islam, politiques sécuritaires visant à protéger le mode de vie occidental…),

2. Le positionnement sur la défense des intérêts du peuple (créneau déserté par la gauche) ce qui, du point de vue néo-conservateur, se traduit par des questions de sécurité et d’identité, davantage que de réduction des inégalités de richesses.

Dans tous ces pays, le mouvement néo-conservateur a remporté une victoire culturelle et idéologique, fondée sur la contestation de l’idéologie soixante-huitarde, du laxisme de la gauche sur la sécurité ou l’immigration, ou encore d’une nation qui a oublié ses valeurs et son identité… la contestation a changé de camp.

Ainsi, en France, Sarkozy pourra probablement encore se présenter en 2012 comme un candidat de rupture, ce qui ne manque pas de saveur !

La rupture en 2012, certainement, oui mais laquelle ?


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