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Pierre-Jean de Béranger : Jacques

Publié le 15 avril 2011 par Unpeudetao

Jacques, il me faut troubler ton somme :
Dans le village, un gros huissier
Rôde et court, suivi du messier.
C'est pour l'impôt, las ! mon pauvre homme.

Refrain :
Lève-toi, Jacques lève-toi ;
Voici venir l'huissier du roi,

Regarde : le jour vient d'éclore ;
Jamais si tard tu n'as dormi.
Pour vendre, chez le vieux Rémi,
On saisissait avant l'aurore,

Pas un sou ! Dieu ! je crois l'entendre.
Écoute les chiens aboyer.
Demande un mois pour tout payer,
Ah ! si le roi pouvait attendre !

Pauvres gens ! l'impôt nous dépouille !
Nous n'avons, accablés de maux,
Pour nous, ton père et six marmots,
Rien que ta bêche et ma quenouille.

On compte, avec cette masure,
Un quart d'arpent, cher affermé.
Par la misère il est fumé ;
II est moissonné par l'usure.

Beaucoup de peine et peu de lucre.
Quand d'un porc aurons-nous la chair ?
Tout ce qui nourrit est si cher !
Et le sel aussi, notre sucre !

Du vin soutiendrait ton courage ;
Mais les droits l'ont bien renchéri !
Pour en boire un peu, mon chéri,
Vends mon anneau de mariage.

Rêverais-tu que ton bon ange
Te donne richesse et repos ?
Que sont aux riches les impôts ?
Quelques rats de plus dans leur grange.

Il entre : ô ciel ! que dois-je craindre ?
Tu ne dis mot ! quelle pâleur !
Hier tu t'es plaint de ta douleur,
Toi qui souffres tant sans te plaindre.

Elle appelle en vain ; il rend l'âme.
Pour qui s'épuise à travailler
La mort est un doux oreiller.
Bonnes gens, priez pour sa femme.

- date : chanson écrite après 1830.
- texte : Pierre-Jean de Béranger.
- musique : air de Jeannot et Colin (Musique des Chansons de Béranger numéro 302).

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