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Vivre sans la Chine ? Quelle galère !

Publié le 15 avril 2011 par Copeau @Contrepoints

[V]ivre tout le temps de cette façon serait épuisant et reviendrait cher. Il n’y a pas grand monde qui aurait envie de mener cette vie en permanence. (Sara Bongiorni)

C’est bien connu, rien ne va plus ici-bas. Entre le poison quotidien dans nos assiettes, la pollution, les drames nucléaires et la mondialisation débridée, il est urgent de changer de paradigme, ou du moins, d’habitudes… Un exemple au hasard : est-il possible de se passer des produits chinois ? Car chacun sait bien, on ne le répète jamais assez, que l’atelier du monde est la ruine des pays riches et qu’importer de l’Empire du Milieu pollue atrocement. Que se passerait-il si l’on cessait d’acheter chinois ?

C’est l’expérience qu’a volontairement vécue Sara Bongiorni, une journaliste États-unienne qui en a tiré un livre : A Year Without « Made in China » (2007), pendant une année entière, ne rien acheter qui soit Made in China. Elle s’est lancée dans ce pari fou après avoir convaincu un mari dubitatif : « C’est une très mauvaise idée » lui aurait-il prophétiquement dit. En tout cas, elle sut trouver les mots pour le convaincre et embarquer toute sa petite famille dans une petite galère.

Vivre sans la Chine ? Quelle galère !

(Dessin de presse : René Le Honzec)

Car de petite galère, c’en fut une. Laissons Sara témoigner d’elle-même : « Notre cafetière électrique est tombée en panne et nous ne l’avons pas remplacée parce qu’elles sont toutes fabriquées en Chine. Alors nous avons fait bouillir l’eau dans une casserole avant de la verser à travers un filtre dans les tasses. C’était un peu comme faire du camping tous les jours. » Idem pour le mixeur, car les lames sont de fabrication chinoise, quant aux jouets pour les enfants, n’en parlons pas… Son mari fut même gêné dans son activité professionnelle de menuisier car nombre d’outils viennent également de Chine…

Sara prit donc conscience de la place considérable que la Chine occupe dans son quotidien. Mais elle ne s’en plaint finalement pas : « Beaucoup de gens croient que la Chine ne produit que des choses de mauvaise qualité et bon marché, mais je me suis aperçue que ce n’était pas le cas. » Et, finalement, elle rend de précieux services en offrant ainsi des biens modiques mais de qualité standard. Sara dut par exemple changer les baskets de son fils, devenues trop petites ; elle mit plusieurs semaines pour en trouver qui ne fussent pas fabriquées en Chine et, en plus, il lui en coûta 68 dollars (c’était du « Made in Italy »). Or, écrit-elle, on peut trouver des baskets chinoises pour 15 dollars, ce qui la conduit donc à conclure que « Pour les familles à faible ou moyen revenu, la possibilité d’acheter à leur gamin de 4 ans des chaussures tout à fait correctes pour 15 dollars représente un réel avantage économique »…

Personnellement, j’en tire un enseignement simple : il est toujours commode de dénoncer abstraitement ceci ou cela, en ne voyant que la moitié du problème ; c’est bien différent que d’expérimenter concrètement ce que l’on recommande, car c’est là qu’on prend conscience de la valeur des choses les plus anodines. Une morale que de nombreux faiseurs et leaders d’opinion devraient attentivement méditer !

D’après une interview parue dans Foreign Policy, et reprise par le Courrier international, hors-série de février-mars-avril 2011, page 37.


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