Lors d'un panel sur la microfinance organisé par la Direction de la Microfinance et le cabinet Access Finance Gestion, le 25 février à l'Université Dakar Bourguiba (UDB) au Sénégal, des experts se sont étonnées des taux d'intérêts pratiqués par les systèmes décentralisés. Selon ces experts, les réflexions doivent être menées en vue de revoir le plafond d’usure et permettre aux couches vulnérables de tirer meilleur profit de la microfinance.
Intervenant dans le débat, le professeur Sakhir Thiam s’est étonné de constater que les clients payent les taxes en plus des taux d’intérêt. Un paradoxe dont les explications sont situées par le directeur de l’Unité de formation et recherche de l’Université de Dakar-Bourguiba, Makhtar Sakho, dans le cadre réglementaire et législatif qui régit le secteur financier.
Ce cadre autorise les institutions de microfinance à faire des prêts avec un taux d’intérêt effectif global qui peut aller jusqu’à 27%. « Ce plafond d’usure de 27% mérite une réflexion en rapport avec les capacités de remboursement de la clientèle et les taux d’inflation constatés dans l’espace de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et doit pousser à une réflexion sur le différentiel entre le plafond d’usure et le taux d’inflation ». Même si, reconnaît-il, les systèmes financiers décentralisés supportent des coûts de collecte de la ressource et des charges inhérents à l’exploitation. Toutefois le Dr Sakho s’est refusé d’aller vite en besogne, « on ne peut pas dire que les systèmes financiers ne font pas le travail ou n’ont pas lutté contre la vulnérabilité ou la pauvreté, sachant qu’historiquement, ils ont été mis en place pour lutter contre l’usure ».
Cependant, le panéliste a jugé le taux d’usure « prohibitif » et méritant une réflexion approfondie. Par ailleurs, pour Ibrahima Thiaré, enseignant à l’UDB et spécialiste de la microfinance, « il est difficile de dire que les institutions de microfinance ont atteint leurs objectifs sociaux et économiques. Le souci de l’efficacité et la recherche de gros profits ont finalement fait oublier les objectifs sociaux ».
Note :
La Direction de la Microfinance (DMF) a été créée en 2003 avec pour mission de promouvoir et développer le secteur de la microfinance au Sénégal. Ce qui traduit l’engagement de l’Etat à mettre en place un cadre concret d’appui à la stratégie de promotion des micro et petites entreprises, de réduction de la pauvreté et de promotion du développement économique et social.
Source : Sud Quotidien