Magazine Société

Fable, Jean De La Fontaine :Le Berger et la Mer

Publié le 15 avril 2011 par Unpeudetao

Du rapport d'un troupeau dont il vivait sans soins,
Se contenta longtemps un voisin d'Amphitrite :
   Si sa fortune était petite,
   Elle était sûre tout au moins.
A la fin, les trésors déchargés sur la plage
Le tentèrent si bien qu'il vendit son troupeau,
Trafiqua de l'argent, le mit entier sur l'eau.
   Cet argent périt par naufrage.
Son maître fut réduit à garder les brebis,
Non plus berger en chef comme il était jadis,
Quand ses propres moutons paissaient sur le rivage:
Celui qui s'était vu Coridon ou Tircis
   Fut Pierrot et rien davantage.
Au bout de quelque temps, il fit quelques profits,
   Racheta des bêtes à laine ;
Et comme un jour les vents retenant leur haleine
Laissaient paisiblement aborder les vaisseaux :
Vous voulez de l'argent, ô Mesdames les Eaux,
Dit-il, adressez-vous, je vous prie, à quelque autre:
   Ma foi, vous n'aurez pas le nôtre.

Ceci n'est pas un conte à plaisir inventé.
   Je me sers de la vérité
   Pour montrer par expérience,
   Qu'un sou quand il est assuré
   Vaut mieux que cinq en espérance ;
Qu'il se faut contenter de sa condition ;
Qu'aux conseils de la mer et de l'ambition
   Nous devons fermer les oreilles.
Pour un qui s'en louera, dix mille s'en plaindront.
   La mer promet monts et merveilles :
Fiez-vous y, les vents et les voleurs viendront.

***************************************************************
 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Unpeudetao 369 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog