Dans The SeriesLive Show, ce soir, on vous parle en fin d'émission de Forbrydelsen et de The Killing.
"Quoi ? Qu'est-ce qu'elle raconte ?"
FOR.BRY.DEL.SEN. Comme ça se prononce. Ne vous faites pas passer pour plus bêtes que vous ne l'êtes, je sais ce que vous valez.
Mettre en parallèle deux pilotes, ici l'original et son remake, c'est une première dans ce podcast. Et pour que vous puissiez suivre notre conversation, j'ai pensé que, tout simplement, je pourrais vous en faire un post La preuve par trois. Vous savez, les post La preuve par trois ? Ceux qui, quand on pense bien à cliquer sur toutes les images du post, vous récompensent pour votre obstination !
Mais comme dans l'émission, on a plutôt mis l'accent sur les différences entre les deux pilotes, je me suis dit que j'allais plutôt vous parler de ce qui lie les deux séries, de ce qu'elles ont fondamentalement en commun. Comme ça, l'écoute du podcast vous sera complémentaire, et non une redite à mon humble post du vendredi.
Pis de toute façon, faire un post comparatif sur deux séries, je n'aurais pas su le faire aussi bien que freescully.
Bienvenue dans un monde de silence. La nature occupe une grande place au début de ce pilote, avec des plans d'une vertigineuse sobriété, mais profondément belles, tandis que la police s'active pour retrouver la victime, Nanna/Rosie. On ignore si l'adolescente est encore en vie, mais sa disparition nous conduit à fouiller des endroits désertiques, loin du béton de la grande ville. On notera comment le même lieu peut d'ailleurs, selon qu'on y suive une gamine terrifiée ou qu'on accompagne les fouilles méticuleuses de la police, revêtir une apparence aussi bien angoissante que nonchalante.
Le cadre de Forbrydelsen/The Killing est aussi celui-là, avec sa nature imperturbable, presque vierge. Il participe énormément à l'ambiance de la série bien que la plupart des scènes s'en éloignent, conférant une atmosphère toute particulière à cet univers.
Notre enquêtrice Sarah Lund/Linden est un personnage atypique. C'est un "chic type", en fait, dans le fond. Il ne s'agit pas d'une créature froide et cérébrale comme tant d'enquêteurs l'ont été ces dernières années. Capable de plaisanter comme d'aborder avec sérieux et concentration ses difficiles attributions, elle arrive au contraire à nous être sympathique, mais sans jamais tomber dans la caricature de la nana pour qui on ressent de l'empathie. Si elle n'est pas quelqu'un d'émotif, on sent que beaucoup de choses sont intériorisées ; les différents plans sur son regard, alors qu'elle réfléchit, nous invitent au contraire à entrer dans sa tête, pour y découvrir quelqu'un de sain, d'équilibré, qui n'est jamais dans l'excès d'émotion ou de froideur. Le fait qu'elle soit sur le point de quitter son job actuel pour commencer une nouvelle vie ailleurs lui confère en outre une aura positive : sans déprécier son métier (ce n'est pas comme si elle avait un problème avec la nature de celui-ci) lui permet d'en être juste un peu plus libérée. Une distance salvatrice, et qui finalement aiguise probablement son esprit d'analyse et d'observation.
Mais Forbrydelsen/The Killing, c'est aussi la terrifiante histoire de parents qui vivent la pire des tortures, suivie du dernier des drames, avec la disparition de leur fille qui aboutit à la découverte de son corps. Si votre coeur n'impose pas à la vue de cette scène, consultez. La douleur y est pure, animale. Celle du père comme de la mère, d'ailleurs, bien qu'elle s'exprime différemment. Que les paysages froids et l'héroïne décontractée ne vous abusent pas : derrière l'enquête, c'est avant tout une tragédie familiale qui se joue, et en choisissant le mode du feuilletonnant, la série s'autorise ce que peu de séries policières ont osé creusé depuis 10 ans qu'elles monopolisent pourtant nos écrans : une anatomie du deuil.
Il y aurait, naturellement, bien plus de captures à faire, et de choses à souligner. Mais vous connaissez les règles pour cette rubrique : pour chaque épisode, 3 captures et pas une de plus.
En espérant que ça suffise pour vous convaincre...
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : les fiches Forbrydelsen et The Killing de SeriesLive.