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Le visage de la bête

Publié le 16 avril 2011 par Copeau @Contrepoints

Merci à François Legault de nous avoir montré, en quelques heures, le visage de la bête.

Le visage de la bête
Le pauvre avait à peine fini de présenter ses idées de réforme en éducation — réduire la bureaucratie, encourager les bons profs en les payant mieux, et encourager les mauvais à changer de carrière en permettant de les congédier — que les groupes d’intérêts jappaient en concert. Commissions scolaires, syndicats, fédérations étudiantes. Tous contre ! Après tout, les choses vont tellement bien en éducation. Les décrocheurs sont tellement rares. Vive le statu quo !

Pourtant, s’il y a un domaine où on devrait s’assurer d’attirer les meilleurs, c’est bien dans l’éducation de nos enfants. C’est notre avenir, bordel. Un prof qui sait motiver un élève en bas âge, ça peut faire la différence entre un universitaire et un décrocheur.

Mais soyons réalistes. Depuis quand les syndicats ou les commissions scolaires se soucient-ils des enfants ? Ils se soucient d’eux-mêmes avant tout. Comme l’écrivent Jacques Raynauld et Yvan Stringer, profs aux HEC, « les fonctionnaires n’ont pas la réputation de faire preuve d’empressement lorsqu’il s’agit de recommander des mesures qui seraient bénéfiques sur le plan social, mais auraient le malencontreux effet d’éliminer leur emploi ! »

Le vrai problème

La panique provoquée par l’idée de réforme de M. Legault n’est qu’un début. Comme je l’ai déjà écrit, au fil des ans le gouvernement est devenu une simple courroie qu’utilisent les groupes d’intérêt pour piger dans nos poches – avec l’approbation des politiciens. Si vous avez le malheur de ranger le plat de bonbons, la bagarre éclate.

Et ce n’est pas seulement les syndicats qui vont japper si on leur enlève un « acquis ». Les banquiers ne sont pas plus solidaires. Ils ne désirent qu’une chose : que vous et moi continuions de nous endetter pour faire rouler l’économie, et maintenir leurs juteux profits. Et si le marché immobilier s’écroule, leurs amis politiciens vont venir à la rescousse, et les renflouer.

Je me répète. Mais si les finances publiques du Québec continuent à se détériorer, croyez-vous que les entreprises vont renoncer aux milliards de subventions qu’elles reçoivent chaque année ? Que les agriculteurs vont accepter qu’on réduise leurs programmes d’aide ? Que la bureaucratie syndicale va accepter qu’on coupe un sou dans ses privilèges ? Que les cadres de la fonction publique vont cesser leurs voyages de luxe ? Que les artistes vont renoncer à leurs subventions ? Que les restaurateurs de la rue Crescent vont accepter de payer eux-mêmes pour la venue du Grand Prix ?

Non. À la place, on va continuer de hausser les taxes.

Le hockey, un meilleur spectacle

Pourquoi les politiciens d’ici ou d’Ottawa manque-t-il de courage pour réduire les dépenses de l’État, ou d’entreprendre des réformes pour améliorer les services ? Parce que cela exposerait une vérité dérangeante : les groupes d’intérêt sont partout. Dans notre système d’éducation, de santé, notre système bancaire, de transport, dans l’agriculture… Partout des cliques, des corporations, des lobbys de toute sorte tiennent le gros bout du bâton devant les politiciens. L’État est gangrené.

Avez-vous entendu un politicien soulever ce problème au débat des chefs ? Non. On y a vu la même mascarade, les mêmes promesses faciles. On refuse d’attaquer de front le vrai défi : arracher l’État aux griffes des groupes d’intérêt, et le remettre dans les mains du peuple.

Après ça, on s’étonne que le hockey passe avant le débat des chefs. Les conservateurs seront-ils majoritaires le 2 mai ? Peut-être. Ça va changer quoi ?

Réveillez-moi quand un politicien courageux se pointera le bout du nez. En attendant, Bruins en 6.


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