Magazine Politique
Et si l'érosion de la parole politique était telle que la campagne n'impactait que de façon très marginale les marges de votes ?
Lors du dernier débat pour les élections fédérales canadiennes (mercredi), la firme de sondage Angus Reid a mis en place un dispositif souvent actionné en France dans des études lourdes : l'indication en temps réel de l'adhésion dans la suite immédiate de l'expression d'un leader politique.
3 leçons majeures :
1) quand Harper défend son bilan, la manette a été baissée quasi-systématiquement et immédiatement : il n'y a plus envie d'entendre,
2) quand Ignatieff s'exprime, c'est trop détaillé. Il ennuie et la manette baisse au fur et à mesure que l'explication dure,
3) les seules adhésions fortes interviennent lors de moments brefs d'émotions appliqués à la vie quotidienne : simple, concret, vécu !
C'est l'inconnue de 2012. Pour qu'il y ait rebond de tel ou tel candidat, encore faut-il qu'il y ait envie d'entendre. La crise a usé la capacité à entendre. La crise a fragilisé la place de la raison donc de la démonstration au profit de la seule émotion. C'est une donnée nouvelle à ce point là qui risque d'ouvrir l'espace à des surprises encore plus fortes que d'ordinaire.
C'est un contexte qui n'a pas encore fait l'objet d'études publiées en France. Mais le vote d'exaspération n'est-il pas à ce jour le premier bénéficiaire d'une rente de situation que serait ce "plus envie d'entendre" parce que le raisonnement politique a perdu trop de crédit ?
Marine le Pen peut être dans un tel climat la première bénéficiaire d'une situation amplifiée par la crise et le repli sur soi qu'elle a généré.
Ce qui est sûr c'est que l'expression doit aujourd'hui revêtir de nouvelles formes pour retenir l'attention donc ouvrir à de nouvelles convictions.