I.
Laisser remonter peu à peu limon et lie
et particules de pensée en suspension
Réussir à entrebâiller l’huis secret
qui donne sur l’au-delà des mots, des moments –
ici et maintenant débusquer tous ces fils
qui tissent déjà le pourtour
de l’avenir
Renoncer à la question du « savoir pourquoi »
au profit de l’inversion du « pourquoi savoir ? »
Prendre mesure du court chemin
vers demain
prendre conscience de l’écheveau de la vie
ne donner sa confiance qu’aux sables mouvants
qu’au doute qu’aux fondrières
de l’incertain
Ne se fier
qu’à nos paupières refermées !
II.
Si peu de savoir
pour tant d’être
et tant de buts,
tant de butées
où achoppe
l’entendement ;
jusqu’où peut-on
voir et comprendre ?
Dans quel immense
sommes-nous
sur notre roue d’espace-temps,
dans notre geyser
d’énergie ?
Travail d’insectes besogneux,
nous grattons l’écume du vent,
l’écorce de l’immatériel
comme le sable d’un terrier
nos chiffres nous conduisent vers
des vertiges malencontreux
hérissés de questions
de sphinx