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L'art d'être jolie : Bains parfumés et Bizarreries de la Renaissance

Publié le 10 avril 2011 par Cameline

 

Le huitième numéro de L'art d'être jolie nous propose Bains parfumés, un article empreint de poésie qui ravira toutes les amoureuses du bain avec une foule d'idées pour se faire la peau douce et parfumée.

Je vous ai aussi retranscris Bizarres recettes de beauté sous la Renaissance, qui semblent tout droit sorties du grimoire d'une sorcière, et dont certaines sont vraiment atroces ...

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Bains parfumés

L'heure du bain est, pour la femme, une heure charmante. Son corps s'y délasse longuement, sa peau s'assouplit, ses chairs se raffermissent, et elle sort de là reposée, plus belle.

Mais, de tout temps, sa coquetterie chercha à poétiser encore davantage ce bain, en ajoutant à l'eau bienfaisante un complément indispensable : le parfum.

Les voluptueuses princesses d'Asie, les Athéniennes, les Corinthiennes et les dames romaines faisaient un fréquent usage de ces bains odorants. Aspasie, Laïs et Phryné, ces types de la beauté coquette en Grèce, se baignaient, chaque jour, dans une eau mucilagineuse aromatisée d'essence.

Bain fleuri de Diane

La tradition a conservé la poétique commune des jeunes filles d'Argos, connue sous le nom de "Bain de Diane".

Ce bain se prenait aux premiers beaux jours du printemps jusqu'au déclin de l'été, et pendant les rares journées encore ensoleillées de l'automne, le matin ou le soir, lors de fortes chaleurs, ou, au cas contraire, l'après-midi.

Les jeunes filles s'entouraient la taille d'une ceinture de roses et de menthe, le cou d'un collier de jasmin, les bras de bracelets de lavande, les jambes de jarretières de sauge. Une fois leur corps ainsi fleuri, elles entraient ensemble dans l'onde fraîche d'une rivière, en se tenant par la taille ou par la main. Durant une heure, elles y prenaient leurs ébats, puis, dénouant ces guirlandes, se séchaient au doux soleil.

Bain au lait d'ânesse de Poppée

Tandis que Cléopâtre faisait jeter dans son bain, à profusion, des roses de Poestum, la célèbre Poppée, afin d'être plus attrayante aux yeux de ses admirateurs, prenait chaque jour un bain entier de lait, et élevait à cet effet cinq cent ânesses qu'on ne nourrissait que d'herbes aromatiques.

Cinq cent esclaves n'avaient d'autre occupation que de soigner ces animaux, de traire leur lait et de préparer les bains de la princesse. Poppée, en sortant du bain, était épongée, essuyée, poncée et parfumée par les délicates mains de huit jeunes filles.

Après le bain, elle était transportée sur un somptueux lit de repos où elle restait environ une heure, enveloppée dans des draps qu'on avait préalablement exposés aux vapeurs de l'aloès et du benjoin.

Bain champêtre de la Belle Gabrielle

Elle faisait bouillir dans de l'eau de rivière du laurier, du thym, du romarin, du serpolet, de la marjolaine, de la lavande, du fenouil. Nul bain n'était, paraît-il, plus fortifiant et plus agréablement odorant.

Il serait bon cependant de moderniser un peu ce mélange en y ajoutant de l'alcool.

Bain au miel de Ninon de Lenclos

Ninon de Lenclos dut la conservation de ses charmes, jusqu'à l'âge le plus avancé, à l'usage de bains cosmétiqués dont elle avait pris à l'antiquité les recettes mystérieuses, jalousement gardées secrètes par elle.

L'une d'elles cependant fut révélée :

Faites fondre 250 grammes de sel de cuisine, 1000 grammes de carbonate de soude dans 1 kg d'eau de fontaine ; faites dissoudre, d'un autre côté, 1 kg 500 de miel dans 3 litres de lait. Versez d'abord la première solution dans l'eau du bain que vous agiterez en tous sens. Versez ensuite le mélange de lait et de miel, agitez de nouveau et entrez dans le bain.

Bain au champagne de Rose Chéri

Les bains de lait à l'iris de Mme Tallien sont devenus classiques. Sous le second Empire, une délicieuse actrice, Rose Chéri, mit à la mode les bains au champagne. La mousse blanche du vin pétillant était, assurait-elle, éminemment favorable à la beauté, et, suivant la saison, elle faisait jeter sur cette mousse joyeuse des bleuets, des oeillets ou des roses.

Bains aux fraises de la Païva

Cette célèbre reine de beauté prenait des bains de fraises et de framboises écrasées. Elle assurait leur devoir son exceptionnelle fraîcheur de peau. En voici la recette :

15 livres de fraises, 5 livres de framboises, 5 livres de son, 2 livres de poudre de grumeaux, le tout pilé et arrosé de 250 grammes d'eau de roses. Ce mélange réduit en pâte était peu à peu délayé dans l'eau. En sortant du bain, il fallait frotter la peau avec une éponge imbibée d'eau ordinaire et s'envelopper dans des draps parfumés au benjoin.

Les femmes, de nos jours, aiment avec passion les bains parfumés et chacune a sa recette qu'elle ne livre guère. Beaucoup prennent leur bain dans du lait, quelques autres dans du vin, certaines même dans du sang de boeuf.

Une danseuse russe célèbre, dont le teint frais est le cauchemar de ses rivales, se plonge chaque jour dans un bain où entrent 300 kilos de fraises, ce qui représente en hiver une petite fortune. Mme Réjane veut que la surface de l'eau disparaisse sous une couche de violettes fraîches. La Bellinzioni se baigne dans les feuilles de roses. Quant à la Tortojada, elle fait remplir sa baignoire de thé, parfumé d'essence de rose.

Il faut citer enfin, pour mémoire, certains bains de beauté particulièrement odorants, mais de façon plutôt pénible. Du XVIIIe siècle, on garda longtemps l'abominable recette de bains de bouillon fait avec des tripes de veau.

Il n'y a pas si longtemps même, le mari d'une actrice fort en vogue fit une demande en divorce basée sur cette étrange raison, que "sa femme prenait souvent des bains avec des substances animales, dans l'intention d'acquérir la beauté de sa peau et de plaire à d'autres qu'à son époux : puisqu'elle les prenait à son insu et qu'il n'en était averti que par la mauvaise odeur qui s'émanait d'elle".

Quelques conseils

N'allez pas chercher si loin de quoi parfumer votre bain. Il est difficile de conseiller les bains de fruits écrasés, même de fraises et de framboises, quelque odorants qu'ils puissent être. La peau, en effet, n'en absorbe rien.

Les fleurs simplement jetées, fraîches cueillies, sur l'eau pure sont plus poétiques qu'efficaces et leur poésie ne dure guère, elles ne tardent pas à faire triste figure.

Un bain "printanier" mérite cependant d'être cité. Cueillez au printemps trois poignées de coucous et de primevères sauvages et jetez-les dans l'eau de votre bain. Ces fleurs le parfumeront et le rendront très calmant.

L'eau de Cologne, l'eau-de-vie de lavande, l'eau de Portugal, l'eau de roses, la teinture de benjoin, l'essence de violette sont encore les parfums les plus simples et les plus agréables. Votre fantaisie pourra même faire d'harmonieux mélanges. Dosez à votre gré : il est difficile de prescrire les quantités. Voici pourtant une bonne formule :

Eau de roses, 1500 gr. ; teinture de benjoin, 50 gr. ; essence de thym, 30 gr. ; eau de Cologne, 30 gr.

Une autre est plus compliquée, mais excellente :

Faites infuser pendant une heure, à froid, quelques poignées de roses de Provins, ajoutez-y 5 gouttes d'essence de jasmin, 25 gouttes d'essence de menthe, 12 gouttes d'essence de lavande, 15 gouttes d'essence de sauge et 100 gr. d'alcool. Mêlez à l'eau de votre bain et baignez-vous durant un quart d'heure à très basse température.

Vous pouvez obtenir aussi les mêmes effets que d'un bain de lait - vraiment trop coûteux - en mélangeant simplement à l'eau d'un bain ordinaire une décoction de 2 kilogs de racine de guimauve et de 250 grammes d'hysope.

Bizarres recettes de beauté sous la Renaissance

La médication du temps passé, avec ses formules naïves et compliquées, réunissant les éléments les plus étranges, mélange pittoresque d'un peu d'observation et de beaucoup de superstitions grossières, nous fait sourire aujourd'hui que nous possédons une étonnante variété de produits pharmaceutiques, composés et employés de manière rationnelle et sûre. Ces recettes, souvent répugnantes, nous surprennent surtout lorsqu'il s'agit des soins de la beauté. Est-il possible que les élégantes du XVe siècle, à cette époque où la coquetterie tint une si large place dans la vie des femmes, aient osé mettre sur leur peau, pour embellir leur teint, de l'huile de lézard ou de la fiente de chat ?

Ces recettes pourtant, à en croire les chroniqueurs du temps, faisaient merveille et voici, présentées sans commentaires, les plus originales parmi toutes celles, si nombreuses, que la tradition nous a laissées.

Les yeux

- Pour les faire briller. - Prenez des escargots  et lavez-les huit fois dans de l'eau. Puis faites-les distiller dans un alambic. Prenez ensuite de la fiente de lézard, du corail rouge et du sucre candi. Distillez et mêlez au premier mélange. Vous pourrez en mettre, soir et matin, une goutte dans vos yeux.

- Contre les paupières qui collent. - Mélangez de la cire et du gingembre ; passez avec du sang d'anguille et appliquez le soir sur vos yeux.

- Contre le larmoiement des yeux. - Mélangez bien de la rue, le fiel d'une chèvre et du miel. Appliquez le soir le mélange sur vos yeux.

- Contre les yeux chassieux. - Mêlez de la chélidoine avec du lait de femme et appliquez sur les yeux.

- Contre l'irritation des yeux. - Prenez un limaçon rouge et faites-le cuire dans l'eau. Retirez la graisse et couvrez-en vos yeux, en vous couchant.

- Contre les boutons des sourcils. - Prenez un oeuf dur ; écaillez quand il est chaud et par quartiers. Appliquez-le, de suite, sur un linge blanc.

Les cheveux

- Pour avoir une douce chevelure. - Lavez-vous la tête trois fois par jour avec de la rosée de mai.

- Pour empêcher vos cheveux de tomber. - Prenez des racines sèches de choux et roulez-les dans de l'eau de fontaine jusqu'à ce qu'elles se ramollissent. Lavez la tête avec cette eau.

- Pour faire repousser les cheveux. - Prenez des sangsues et faites-les brûler, de façon à les réduire en poudre. Mélangez avec de la fiente, du miel et du mercure, et frottez les places dénudées.

- Idem. - Faites brûler dans une poêle de fer des mouches à miel. Ajoutez à la cendre ainsi obtenue même quantité de cendres de semence de lin calcinées. Cela fait, faites bouillir une bonne quantité de lézards dans de l'huile. Exposez cette huile au soleil pendant vingt jours, et ajoutes la poudre. Oignez vos cheveux avec l'huile ainsi obtenue.

- Idem. - Faites brûler des mouches dans un pot ; mélangez la cendre avec du jus de cerfeuil et des noisettes réduites en poudre, ainsi que du miel et de l'huile, le tout ensemble. Frottez-en la tête.

- Pour blondir les cheveux. - Faites infuser de la rhubarbe dans du vin blanc, et humectez souvent avec une éponge. Laissez sécher, sans essuyer.

- Pour noircir les cheveux. - Mêlez des feuilles de figuier noir réduites en poudre et des vers de terre. Brûlez avec une suffisante quantité d'amandes douces pour en faire une pommade.

- Dépilatoire. - Broyez dans un mortier de la chair de lièvre avec des orties marines jusqu'à consistance de cataplasme at appliquez.

- Idem. - Mêlez des cendres de salamandre avec de l'huile jusqu'à consistance de bouillie et appliquez.

- Idem. - Faites un cataplasme de fiente de chat broyée dans un mortier avec du fort vinaigre.

- Idem. - Laissez sécher du sang de thon sur la partie dont vous voulez faire tomber le poil.

La bouche

- Pour blanchir les dents. - Prenez du corail rouge, des noyaux de dattes, des semences de perles, des écrevisses calcinées, de la corne de cerf, de chacun un drachme, avec un scrupule de sel d'absinthe. Pulvérisez ces choses subtilement, et frottez vos dents avec cette poudre.

Le teint

- Pour embellir le teint. - Faites fondre une demi-livre de suif de taureau et une demi-livre de beurre frais dans un demi-setier d'eau de roses. Levez la graisse qui surnagera, et incorporez-y 6 onces (180 gr.) de céruse en poudre.

- Idem. - Prenez une jeune cigogne qui n'a pas encore volé, ôtez-lui les entrailles, et mettez dans le corps une once de camphre et une drachme d'ambre fin. Faites cuire jusqu'à trois bouillons. Appliquer le jus sur les joues.

- Idem. - Concassez dans un mortier 30 grammes de perles fines bien blanches, puis mettez-les dans un récipient de verre sur des cendres chaudes. Versez dessus du vianigre blanc distillé. Une fois les perles fondues, mêlez une quantité égale d'eau de fleurs d'orange. Lotionnez le soir.

- Idem. - Faites bouillir une douzaine de pieds de mouton bien propres. Recueillez la graisse qui surnage et mêlez deux drachmes de borax et de blanc de baleine.

- Idem. - Prenez trois chopines de lait de vache, autant de vin blanc, les coques et la glaire de 2 douzaines d'oeufs frais, la mie d'un petit pain, une poignée d'orge, une rouelle de veau coupée en morceaux et 4 oignons de lys. Distillez au bain-marie.

- Idem. - Laissez vingt-quatre heures une poule grise sans boire ni manger, puis prenez 30 grammes de talc calciné, autant de baume de Judée et d'argent dissous à l'eau-forte et pour trois sous de mie de pain tout chaud. Mêlez ces choses et faites-les manger à la poule, sans lui donner à boire, et aussitôt qu'elle les aura avalées, étranglez-la avec une ficelle. Plumez-la et mettez dans un alambic de verre pour la distiller. Il en sortira une eau merveilleuse pour le teint.

- Pour ôter les taches de rousseur. - Eteignez plus fois des pièces d'or rougies au feu dans du vin très généreux. Faites-y dissoudre un peu de tartre et humectez les taches avec ce vin ainsi préparé.

- Idem. - Prenez une demi-douzaine de petits chiens de lait ; ôtez-leur les entrailles, puis mettez-les dans un alambic, avec une bonne quantité de sang de veau pour en faire la distillation au bain-marie. Il en sortira une eau bienfaisante.

- Contre les dartres de la peau. - Faites des applications de fiente de pigeon mêlées avec du vinaigre.

- Contre le hâle. - Détrempez des fiels de coq, de poule, de lièvre et d'anguille dans du miel, et oignez le visage, en évitant de toucher aux yeux.

- Contre les verrues. - Humectez d'urine âcre de chien. Si cela ne suffit pas, appliquer du sang de rat tout chaud ou un mélange de vin et de fiente de chevreau, ou encore de la fiente de brebis appliquée avec du vinaigre.

- Contre les marques de petite vérole. - Prenez une livre de vinaigre blanc et une livre d'urine d'une jeune personne ne buvant que du vin, une demi-livre de suc de plantain, 15 grammes de borax, 15 grammes de gomme adragante, deux poignées de fleurs de roses et de fèves. Laissez infuser trois jours sur des cendres chaudes, distillez au bain-marie et appliquez sur le visage le liquide ainsi obtenu.

- Idem. - Faites fréquemment des applications de sang de lièvre tout chaud.

Les mains

- Pour embellir les mains. - Prenez 4 livres d'eau de pluie, une demi-livre de figues grasses, 1 livre de miel blanc, une demi-livre de graisse de poule, et faites bouillir. Ajoutez quelques noix muscades et quelques girofles ; coulez le tout.

- Pour faire grossir. - Nourrissez une poule avec de vieilles grenouilles bien grasses, coupées en morceaux et bouillies avec du froment ; mangez la poule, mais en faisant attention de ne manger que le membre correspondant à celui que l'on veut engraisser.

Il semble que les apothicaires du temps avaient été doués d'une puissance prodigieuse de résistance au dégoût, pour pouvoir conserver chez eux toutes ces substances répugnantes, et l'on se demande avec horreur ce que devait être le laboratoire où ils recueillaient les matières premières destinées à ces extraordinaires onguents.

Au sommaire de l'Art d'être jolie n°8, vous pourrez aussi lire :

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- La jolie femme doit-elle être grande ou petite ?

- Le front, portique du visage

- L'art de rire

- Le charme dans la démarche

- La science du joli retroussis


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