Je vous refais tourner ce billet de David, pas juste parce qu’il est joli mais parce qu’il a bien saisi le problème. Impossible de bosser normalement quand tu es journaliste en Syrie, j’espère que ce récit fidèle de mes aventures, vous en aura fait prendre conscience. Reporters Sans Frontière a publié un sujet le 8 avril sur les disparitions de journalistes, en Syrie justement. Et quand on voit le nombre d'arrêtés et de disparus, ça fout un peu les pétoches, non ? Le pays a aussi été classé parmi les plus importants "ennemis d'Internet" par l'association.
Et c’est grave. Grave de se dire que dans ce monde, il y a encore des endroits où l’on traite les journalistes de la sorte alors que nous allons juste témoigner de ce qu’il se passe. C’est là que le boulot prend tout son sens. Si nous, les journalistes sommes du poil à gratter c’est que les gens qui ont le pouvoir ont aussi des choses à cacher.
A Homs, où j’ai été secouée, ils ont tiré dans la foule le jour d’après mon départ. Et la Syrie contiue de fermer les portes. Le 9 avril, j’ai rencontré deux gars dans la pension où je séjournais au milieu des montagnes libanaises. Un Américain et un Français. Ils ont tout les deux tenté d’entrer en Syrie, l’un depuis Beyrouth, l’autre depuis Tripoli, en bons touristes, et se sont fait refouler à la frontière.
J’ai été bien secouée mais à vrai dire, l’adrénaline est une bonne drogue.
J’ai kiffé jouer au chat et à la souris, apprendre toutes ces techniques pour passer entre les gouttes, d’un cyber à l’autre, les codes par téléphone. J’ai un peu moins kiffé sur le moment le fait d’être suivie, mais adoré réussi tout de même à faire mon boulot.
C’est jouissif de passer une frontière si difficile et si fermée avec tout le matos planqué dans un sac dont on sait qu’il sera fouillé, se sentir forte de chaque petite victoire. Retrouver les rush du boulot en quotidien, vite et bien, vite mais bien, pas toujours.
Rencontrer des gens, se planquer, apprendre de tout et de tous…
J’ai adoré.
Et je dois dire que si c’était à refaire, je le referais sans hésiter.
Ca a beau être un vrai guépier à journalistes… à vrai dire, je m'y suis éclatée.