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Martine Aubry n’a pas relu son programme socialiste

Publié le 18 avril 2011 par Lecriducontribuable
Projet socialiste pour 2012

« Après deux ans et demi d’étude », le Parti socialiste a fini par publier un programme électoral pour 2012. Les commentateurs ont souligné le côté archaïque de ce programme. Il reprend en effet de vieilles recettes : les « agents d’ambiance » chers à Martine Aubry en 1997, des emplois publics sans avenir,  seront à nouveau proposés aux jeunes; il y aura encore des nationalisations, qui seront maintenant   «  partielles ou temporaires » ; une banque publique d’investissement  sera créée « pour rebâtir une politique industrielle », comme si les fonctionnaires connaissaient mieux que les entrepreneurs les industries d’avenir ; un « traitement distinct » sera réservé aux salaires des enseignants et des chercheurs publics, catégories régulièrement privilégiées par les socialistes ; « nous augmenterons les moyens affectés à la protection de l’enfance, à la protection maternelle, à l’action sociale … aux aidants familiaux », autres catégories privilégiées car votant « bien ».

Mais certaines propositions sont plus surprenantes. On peut se demander si Martine Aubry a pris le temps de relire son programme. Ce n’est pas seulement parce qu’il est truffé de fautes d’orthographe ou de frappe.  Mais sur le fond plusieurs innovations sont contraires à la doctrine socialiste habituelle.

Ainsi, Martine Aubry propose de remplacer l’obligation de dépenser un certain pourcentage des salaires en formation dans les entreprises (obligation créée par son père du temps de Chaban-Delmas) par une obligation de former tous les salariés,  négociée avec les syndicats dans l’entreprise « au même titre que les grilles salariales, le temps de travail et les conditions de travail ». On supprimerait donc d’un coup les lois sur l’obligation de dépense de formation, sur le SMIC, sur les 35 heures. Ces sujets seraient traités au niveau des entreprises dans des négociations avec les syndicats. C’est le système allemand, qui fonctionne très bien, et serait un bienfait pour notre pays s’il y était appliqué. Mais il est rigoureusement contraire à la doctrine socialiste, qui tolère des négociations au niveau des branches industrielles, mais pas des entreprises, pour certains sujets sociaux seulement  et fait surtout confiance à la loi pour la plupart des questions sociales.

Pour le logement  « une autre politique, à l’image de celle des Pays-Bas ». Or dans ce pays les logements dits « sociaux » n’ont aucun avantage fiscal et financier. C’est la suppression du régime des HLM françaises.

Il est prévu une « évolution du régime spécifique d’assurance-chômage pour les intermittents ». La seule évolution envisageable est la suppression d’une partie ou de la totalité des privilèges exorbitants de ce régime.

Il est annoncé de « nouvelles modalités d’application des 35 heures dans la fonction publique ». Doit-on comprendre que les fonctionnaires vont devoir travailler davantage ?

Une « refonte de la PPE et du RSA » est proposée. Certes la Cour des comptes a souvent souligné l’inutilité de la PPE et chacun sait que le RSA n’est qu’une extension du RMI, « trappe à pauvreté », aux salariés à temps partiel. Mais ouvrir la porte à une refonte inquiétera beaucoup de socialistes.

Sans doute ces propositions sont-elles aussi vagues et peu claires que : « Nous formerons les acteurs éducatifs à la question des rapports entre les sexes, à partir d’un travail sur les stéréotypes et les assignations de genre ». Elles ne méritent peut-être pas plus d’attention que la définition de la République donnée par le programme : « un au-delà ici et maintenant ». Mais pourquoi les avoir inscrites dans le programme ? Une fois précisées, elles figureraient fort bien dans un programme de droite favorable à la croissance de notre économie.

Le programme socialiste n’étant qu’un projet actuellement soumis aux militants, deux solutions sont possibles : 1) ces propositions révolutionnaires pour les socialistes seront clarifiées et précisées dans la version finale ; 2) elles n’y figureront plus.

Parions pour le 2.

Alain Mathieu, président de Contribuables Associés

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