L’avantage de la blogosphère, c’est qu’elle permet de s’échapper des champs clos, des dialogues de chapelles, des débats endogamiques entre professionnels de la profession.
A l’heure où les discussions sur Skyrock s’éternisent (en attendant la prochaine émotion éphémère), à l’heure de la lamentable affaire Py orchestrée par la ministère des Beaux Arts, des beaux artistes, des nominations et des médailles, les deux premières voix moins « autorisées » cueillies sur la toile (la première grâce à l’excellent site de Christophe Dumay : l’auteur est un certain Janfeig et son blog s’appelle Canard aux figues, ce qui est assez savoureux.
En septembre dernier, le Ministère de la Culture a publié un rapport qui a fait du barouf dans les milieux culturels — et au-delà. Rédigé en vue de remodeler l'action culturelle du ministère, c'est un chef-d'oeuvre d'incohérences et de vues à court terme. Signé par Guillaume Pfister et Francis Lacloche (1), il est titré "CULTURE POUR CHACUN - Programme d’actions et perspectives"
En le lisant, on constate, comme l’ont fait nombre de citoyens et d’acteurs de la culture, que ce rapport lance des offensives contre le service public de la culture, contre les tentatives de démocratisation de la culture, et contre le savoir lui-même, taxé ici d’« élitiste ». Ce faisant, il prépare le terrain aux grosses cylindrées de l'industrie du divertissement (bouquets TV, diffuseurs, médias dominants, majors, etc.) ; c’est l’État qui célèbre ici la marchandisation des biens culturels.
Répétons-le : si le rapport débouche sur un programme, on peut s'attendre à de réelles transformations de nos habitudes de consommations, de notre rapport à l'art et au patrimoine, de nos relations aux institutions culturelles, de nos représentations sociales.
Le rapport « Culture pour chacun » est donc un texte à teneur idéologique, qui invite à entreprendre un tournant néolibéral jusque dans nos mentalités.
Mais rappelons que ce texte s’enracine dans les politiques culturelles antérieures qui sont un terreau favorable. Rappelons aussi qu’il se base sur des concepts, études, des recherches sociologiques que les auteurs ont soigneusement exploitées pour les reprendre au compte du Sarkozysme. à LIRE LA SUITE.
L’autre contribution vient de Corse. Les remarques en sont tout aussi intéressantes et, bien entendu, sujettes à discussion (La Cité des sens n’aurait pas de sens sans le goût du débat) : voir en particulier ce qui concerne l’identité.
On parle beaucoup de culture en ce moment. Un rapport au ministère de la culture reprenant une idée de Malraux de « culture pour chacun » est l’objet de vifs débats. Des opinions en apparence très diverses se sont exprimées à ce sujet, les réactions à ce rapport soulignant notamment le risque de marchandisation de la culture.
Ce qui frappe le candide que je suis, pourtant, est que, si l’on parle de manière très animée de culture, jamais on ne définit ce terme. Au contraire, il semble qu’il y ait de la part des acteurs de la culture qui prennent part à ce débat une sorte de consensus tacite sur ce qui est culturel et ce qui ne l’est pas. La lecture des différents textes et l’analyse des politiques culturelles nous renseignent cependant sur cette culture dont on parle, sur qui la fait, et sur ce qu’on en fait : la culture est constituée d’oeuvres, produites par des artistes, des créateurs, et a vocation à être diffusée.
Un consensus semble se faire sur le fait que cette diffusion doit être la plus universelle possible (c’est la démocratie culturelle), le dissensus se produisant sur la manière de le faire (pour tous, pour chacun, gratuitement ou pas), sur la manière de défendre et encourager la création, ou encore d’éduquer le public à la compréhension de ces oeuvres. à LIRE LA SUITE
Un troisième apport, plus classique (son auteur est un professionnel de l’écriture) mais qui synthétise fort bien les analyses « de gauche » de l’avancée théorique en forme de repli stratégique (la fameuse « défense élastique que Pierre Dac raillait, depuis Radio Londres) des actuels locataires de la rue de Valois.
Pour atteindre son objectif, le pouvoir agite donc le nouveau slogan de « culture pour chacun ». En jouant « le peuple » contre « l'élite ». En fait, il part de contradictions réelles : la culture à la française a produit d'un côté « des professionnels de la création artistique » (Noiriel) de bon niveau mais pas toujours très attentifs aux « finalités civiques » de leur engagement. D'un autre côté existe une culture publique, un art « socioculturel », via notamment le milieu associatif, actif mais dévalorisé, délégitimé, assimilé à une culture uniformisée, collectiviste, « communiste » en somme !
Le peuple et l'élite
Les contradictions entre ces deux niveaux existent mais le pouvoir entend les utiliser, les exacerber, mobiliser les uns contre les autres. L'élite (culturelle) est montrée du doigt car elle aurait creusé les inégalités, imposé ses normes, intimidé le peuple, l'éloignant de la culture. à LIRE LA SUITE.
*Gérard Streiff est journaliste, essayiste et romancier français. Il a été directeur de collection. http://www.gerardstreiff.fr/
Article paru dans les pages Combat d'idées de la Revue du Projet du mois d'Avril
Un dernier coup de barre à droite pour maintenir l’équilibre avec le délicieux J.J. Aillagon qui, à propos de l’exercice de prospective conduit par le département des études et de la prospective du ministère en profite pour rappeler qu’il a l’audace d’être un des rares membre de l’élite politique de ce pays à ne pas juger absolument indispensable l’existence du ministère qu’il a dirigé. Ne pas manquer d’apprécier au passage ses compétences dans le domaine de l’histoire contemporaine.
La pire des choses serait de s’enfermer dans une sorte de pieuse bigoterie qui reviendrait à considérer le ministère de la rue de Valois comme une vache sacrée, intouchable, dont l’existence consisterait une fin en soi, quel que soit l’usage qu’on en ferait. Ici, comme ailleurs, l’esprit me semble préférable à la lettre. Il faut donc savoir réfléchir et bousculer parfois de trop faciles certitudes. Le travail du département des études, de la prospective et des statistiques nous y aide.à LIRE LA SUITE.
Rappel à propos de ce dernier questionnement sur « la vache sacrée intouchable » (sic) :
Voir aussi le dernier numéro (164) de la revue Le Débat... l'article de Nathalie Heinich est très bien. Les autres, je ne les ai pas encore lus.
Avons-nous vraiment besoin d'un ministre de la
Culture ?
N'y a-t‑il pas contradiction entre l'objet culturel et le projet de le faire dépendre d'une politique publique ? Voilà un bon moment que la polémique se poursuit. Au-delà de la querelle sur
les principes, la bonne méthode pour avancer est peut-être de regarder un exemple de près. C'est la démarche qu'adoptent Jacques Rigaud et Olivier Duhamel à propos de ce que fut en son temps
l'action de Jacques Duhamel. Ils en dégagent la philosophie où la modestie se conjugue avec l'efficacité. En contrepoint, Nathalie Heinich fait ressortir combien, entre l'excès d'encadrement et
le laisser-faire, il existe un espace fécond.
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