Réduire le temps d’attente
Premiers répondants en Gaspésie
En situation d’urgence, le temps d’attente pour une ambulance peut sembler très long. Quelques minutes peuvent paraître des heures à une personne en détresse.
Geneviève Boivin, Dossier Bénévolat, Gaspésie
En Gaspésie et aux Îles-de-la Madeleine, des dizaines de municipalités ont trouvé le moyen de réduire ce temps d’attente. Elles ont créé des équipes de premiers répondants. Depuis 1995, des bénévoles sont formés partout en région pour se rendre sur les lieux en cas d’urgence vitale. Les gestes qu’ils posent en attendant les ambulanciers permettent parfois de sauver des vies.
Premier répondant en Gaspésie
Marc Bujold est premier répondant. C’est en 2006, après être intervenu sur une scène d’accident, qu’il apprend l’existence de ce service. Il décide de former une équipe dans sa municipalité. Son objectif: recruter huit bénévoles. 15 personnes répondent à l’appel. «J’ai vraiment été surpris de la rapidité de réponse des gens. On m’avait dit que j’allais avoir de la difficulté à recruter mais ça s’est vraiment fait tout seul.» Après une formation de 60 heures, l’équipe de St-Siméon est prête à intervenir.
En cas d’arrêt cardiorespiratoire, d’hémorragie, de fracture, de noyade, de choc électrique et dans bien d’autres situations d’urgence, ils savent exactement quoi faire en attendant l’arrivée des secours. Régulièrement, ils se rencontrent avec le coordonnateur du Centre de santé et services sociaux de la région pour faire un suivi et discuter de leurs interventions. Dans leur semaine de garde, ils peuvent être appelés à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Ils ne savent jamais quand leur téléavertisseur sonnera ou combien de fois il le fera au cours de la semaine.
La situation est loin de déranger Marc Bujold. Selon lui, c’est du bénévolat extrêmement stimulant. «On se sent charitable envers notre prochain. C’est vraiment un travail qui en vaut la peine». Les anecdotes liées aux appels sont nombreuses, surtout lorsqu’une urgence survient en pleine nuit. Lorsqu’ils se rencontrent, les bénévoles ont plus d’une histoire d’orteils fracassés contre des meubles ou de cadres qui volent dans la maison à se raconter.
Familles des premiers répondants
Les familles, toutes aussi motivées que les bénévoles, se joignent souvent à la course folle qui précède leur départ. Même si leur équipement est toujours prêt, l’aide de leurs proches est appréciée. Conjoints et enfants sont d’ailleurs très fiers du travail des premiers répondants.
En bout de ligne, les visages soulagés des patients et de leur famille, lorsqu’ils arrivent sur les lieux d’une urgence, constituent la paie la plus gratifiante qui soit. «Je me souviendrai toujours de l’expression qu’avait un monsieur lors d’une de mes interventions, regardant le téléphone dans sa main et me disant: quoi! Déjà?»
Avec une rapidité d’intervention d’environ cinq minutes, les familles de St-Siméon apprécient beaucoup la présence des premiers répondants. «Souvent, quand on arrive sur les lieux, les gens sont surpris de voir que nous sommes déjà là.» Les ambulanciers n’en retirent aussi que des avantages. «Ça doit être un réconfort de savoir qu’il y a quelqu’un avec le patient s’ils sont partis sur un autre cas. De plus, lorsqu’ils arrivent sur place, il y a déjà une partie du protocole préhospitalier d’effectué. On les aide jusqu’au départ du patient.»
Présents partout en Gaspésie
Il existe 34 équipes semblables à celle de St-Siméon sur le territoire de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, pour un total de 300 bénévoles. Il s’agit de la région au Québec où le service est le plus présent. Au départ, l’objectif était de réduire le temps d’attente des secours mais, depuis 2003, le rôle des premiers répondants s’est modifié explique le coordonnateur des équipes de premiers répondants Jacques Roussel. «Ils posent maintenant des gestes qui permettent d’accélérer le départ du patient. L’ambulancier n’a pas besoin de commencer le protocole au début et les premiers répondants continuent d’aider les ambulanciers quand ils arrivent. Cela va plus vite et les chances de survie augmentent.»
En quelques années, le réseau de premiers répondants municipaux s’est grandement développé dans la région. Si on se fie au cas personnel de Marc Bujold, le service devrait exister encore bien longtemps. «Moi, tant et aussi longtemps que je vais pouvoir le faire, je le ferai. J’ai ça dans le sang.»
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