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De la détresse de la trahison

Publié le 20 avril 2011 par Opinion Sur Rue

The Godfather, Francis Ford Coppola, Paramount

La félonie est la rupture d’un lien ou d’une relation basée sur la confiance et la loyauté. Elle s’abat avec stupeur et déstabilise aussi bien l’individu que l’ensemble auquel il appartient. Nous ne voyons trop souvent dans l’image du traître que celle du vilain, celle de l’ingratitude et du coup de poignard dans le dos.

Il faut être trois pour créer un contexte de trahison : le trahi, celui au profit duquel se fait la trahison et le traître. Voici la lettre qu’il m’adresse.

Cher ami,

Vous déchirerez surement ces mots pour les brûler sans considération à mon égard. Je comprends votre dédain. Je tenais simplement par la présente à flatter mon opportunisme qui vient de passer l’épée au corps de notre amitié.

Malgré ce que vous avez fait pour moi, je n’étais pas rassasié. Suis-je victime d’un défaut d’autorité, de droiture ou de conviction ? Je peine encore à vous répondre. Sachez que je souffrais Monsieur, mes mains me brûlaient d’une détresse ambitieuse. Pourquoi auriez-vous droit aux délices de vos quotidiens et pas moi ? Mais rassurez-vous, je ne suis plus frustré mon ami, et même si je me libère de mes liens, maintenant que j’accède à votre siège, la lame du poignard encore pleine de sang. J’embrasse votre bonheur Monsieur, je le prends dans mes bras tout en vous regardant vous vider.

Mais je me fous de vous cher ami, vous n’étiez qu’un ascenseur social, un trépied. Oui je vous avais demandé de l’aide. Oui vous m’avez tendu la main et je l’ai saisie, mais regardez-vous aujourd’hui, vous êtes seul dans votre altruisme. Votre bonté vous fait pleurer. Pourquoi auriez-vous droit au bonheur et pas moi ? Certes vous avez sué pour le construire. Mais mes valeurs sont mortes Monsieur, tout comme notre amitié et ces joies qui nous liaient.

Vous avez été mon contexte de changement, mon instant de force et de puissance. La trahison est difficile, mais vous vous en remettrez. Qu’avez-vous obtenu aujourd’hui grâce à votre confiance ? Qu’a-t-elle construit ? Que vous a-t-elle apporté ? Mais rien Monsieur, rien. Regardez-vous. Regardez-moi. C’est moi qui jouis à présent, et je n’ai eu qu’à tendre le bras pour décrocher ce fruit que vous chérissiez tant. La trahison n’a pas d’odeur mon cher, mais un goût, une fois le poignard planté. Le sentez-vous Monsieur ? Le voyez-vous votre bonheur dans mes bras ? Mais regardez-moi me pavaner avec. Alors certes vous me direz que mon quotidien je vous le dois, mais j’en ai tout à fait conscience mon ami, pleinement, et je me moque de vous quand je m’endors le soir dans vos draps.

Je dois admettre que vous avez bien damé la piste, et je vous en remercie encore. Personnellement, je ne me serais jamais donné cette peine. Je vous reconnais au moins cela, votre patience et votre abnégation.

Oui je vous ai volé après que vous m’ayez donné. Et alors ? Pourquoi m’avez-vous donné si gratuitement ? Vous avez bien souri jusqu’à maintenant, et bien il ne vous reste plus qu’à pleurer, pleurez tout, puisque ce que c’est qu’il vous reste. Et je vous saurai gré de partir très loin, afin que vous ne gâchiez pas mes repas. Laissez-moi me sentir le maitre du jeu. Vos efforts profitent à un autre, passez s’il vous plait, votre privilège n’est plus.

Crédit photo extrait du film de Francis Ford Coppola The Godfather – Part II : « I know it was you, Fredo. You broke my heart. You broke my heart ! », Paramount (1974).


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