Mohamed EL JERROUDI (Maroc).

Tu n’as que les rides de ton visage à compter. Les années pour toi se valent. Les jours se bousculent .Les saisons se confondent. Le miroir scrute ton corps.Le temps passe et repasse.Telle une statue de pierre. Tu ne te doute de rien.

Toi qui es née par hasard. Tu n’as jamais vu le sourire de ta mère. Ni même celui de ton père. Et n'as jamais compris pourquoi. Tu croyais que tout le monde était comme toi. Raconte-moi ta douleur. Je suis peut-être comme toi.

Tu portes en toi des mots si trompeurs. Ou puissants .Qu'importe il faut oser les dire .Et tu as osé me les dire. J’aime que tu sois telle que tu es. Et tu me dis que nous n’avons rien à partager... ? Ne t’en vas pas. Nous avons toute la vie pour nous aimer.

Pour moi, la poésie n’est un métier, un gagne pain ou une stratégie pour mendier un peu de gloire. Non, elle est un mayen tous simplement pour connaître les autres. Ces autres qui comme moi se demandent pourquoi nous sommes dans ce monde.

Toi mon double .Ton nom ne s’efface pas. Il ne m’est envisageable de me passer de toi . Je veux te nommer gardienne de ma présence. Sans toi je ne saurais être moi. Ta présence fait briller en moi des horizons hors de toute atteinte. Tu portes en toi le sens de la vie . Alors sois ou ne sois pas.

Je connais par cœur les noms de mes blessures. Elles sont gravées sur les parois de ma poitrine. Quand elles se réveillent je fais la sourde oreille. Je sais aussi retenir mes cris. Afin d’éviter de me perdre dans les entrailles du silence.

Je ne suis pas vestige de l’histoire . Je me souviens de mon futur. Je traverse le mot du poème . Un poème qui traverse le monde vers plus que le monde. Et Je m’abîme au fond de moi-même. Tout en restant dans le monde. Tout en restant moi-même.