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Vogue Paris augmente son prix d’un euro..et se fout pas mal de ce que vous en pensez.

Publié le 21 avril 2011 par Maybachcarter

Vous l’aurez sûrement remarqué..Du moins, pour celles qui me lisent depuis un moment, je n’aborde plus le sujet du Vogue Paris. Je n’ai même pas parlé du départ de Carine Roitfeld, ni de mes attentes en ce qui concerne l’ère  » ALT « . Désintérêt ? Peut-être. Ou plutôt.. sûrement. Je ne reviendrai pas sur le pourquoi du comment « le Vogue Paris, c’était mieux avant« , çà ressemble à un vieux refrain faussement snob. Par contre, le glissement de « revue » à « catalogue publicitaire LVMH » en dit long, très long sur l’industrie du luxe.

Il y a quelques jours, je suis tombée sur un article de Coco ( Tendances de Mode ), qui se plaignait de l’excès de publicité que contient le Vogue ces derniers temps. D’habitude, j’approuve ses articles que je trouve argumentés et complets, mais sur le coup, je suis restée sur ma faim parce qu’elle n’avait pas été assez loin selon moi. Ce sujet aurait pu être un BOULEVARD pour expliquer les effets néfastes de la vampirisation de ce magazine et plus globalement, de ce milieu .

Vogue Paris augmente son prix d’un euro..et se fout pas mal de ce que vous en pensez.
( Vogue Paris, édition MAI 2011 )

Je n’ai pas assez roulé ma bosse pour en parler, mais il me semble que dans les années 80-90, l’industrie du luxe était encore assez..disparate, dirons-nous. L’identité ( en tant que marque ) d’un Dior, d’un Givenchy et d’un Versace était encore très attachée à la personnalité des fondateurs de ces maisons respectives et ma foi, chacun ( clients comme propriétaires des marques ) y trouvait son compte. Et puis est arrivé Bernard Arnault, qui a littéralement révolutionné ce milieu en créant l’ogre qu’est Louis Vuitton Moët Hennessy. Tel un abattoir, toutes les marques ou presque y sont passées, mais puisque l’on n’est jamais satisfait, voilà qu’aujourd’hui même les petites qui montent dans le secteur  » Moyenne Gamme  » comme Sandro/Maje/Claudie Pierlot sont dans la ligne de mire. Je passe évidemment sur le cas Hermès, une des dernières marques de luxe  » familiales  » dont Mr Arnault a voulu partiellement faire l’acquisition.

J’ai une admiration certaine pour cet homme, au vu de la fortune qu’il a pu amasser tout en évitant que ses différentes marques ne s’étouffent entre elles. Parce que finalement, il est propriétaire à la fois d’une marque et de ses concurrents, et à la fin, que l’une fasse des profits au détriment d’une autre, il en sort toujours gagnant. Mais alors, je ne comprends pas cette politique d’expansion à n’en plus finir. A force de vouloir toujours TOUT contrôler, TOUT posséder, on va vite finir par atteindre la saturation.

Effectivement, LVMH laisse les marques avoir une certaine indépendance….jusqu’à un certain point. La politique de la maison se retrouve tout de même en filigrane, et il en faut parfois très peu pour s’en apercevoir rapidement. L’esprit corporate se retrouve dans les campagnes publicitaires, dans les méthodes marketing, dans le merchandising…A termes, quels sont les risques ? Pour ma part, je dirai que le luxe ( et la mode, par répercussion ) manque de FRAICHEUR. Les jeunes designers sortent A PEINE d’écoles, n’ont même pas 5 collections à leurs actifs, qu’ils se font déjà happer par la pieuvre LVMH. Et j’ai comme l’impression qu’ils ne peuvent même pas y échapper puisque, les magazines les plus influents dans le secteur ( et qui pourraient aider ces designers en question à éclore ) sont souvent possédés par Condé Nast/Lagardère..qui ont eux-mêmes des relations PLUS QUE cordiales avec LVMH. Cercle vicieux. Bien sûr, il reste PPR, Richemont et 2 ou 3 autres qui font de la résistance, mais l’écart entre le #1 et le #2 sur le marché est plus qu’écrasant.

Afin que la Mode et le Luxe soient des industries prospères, il va de soi que le couple Finances-Création doit parfaitement fonctionner. Or, il me semble que d’un point de vue global, le volet financier et « profits » ait LARGEMENT pris le pas sur le reste, et la récente valse des designers renvoyés ( chez Gianfranco Ferré ) ou en dépression nerveuse ( chez Balmain ) ne fait que confirmer cela. Regardez même chez Dior ! Je ne veux pas « défendre » John Galliano, mais il gérait plus de 5 collections par AN, sans compter SA propre marque: Collection Couture, Collection Croisière, Collection Prêt-à-porter, Accessoires ( Maroquinerie )…Sous une telle dictature, qui pourrait tenir ? Les créateurs sont soumis à des cadences de production INFERNALES, et doivent répondre aux attentes et estimations financières dans un laps de temps trop court. Bien évidemment, ils ont les moyens pour, et travaillent dans des conditions plus que raisonnables mais tout de même, la créativité n’est pas quelque chose que l’on manie toujours à volonté. Il y a une différence entre une collection dont l’inspiration nous est venue naturellement et celle que l’on a réalisé parce que le patron nous a donné 3 mois de délai maximum . Je ne parle même pas des directeurs artistiques que l’on prend et que l’on jette au bout d’ UNE saison parce que leurs défilés n’ont pas su convaincre la presse. Moi-même, j’ai souvent la dent très DURE quant au rendu des collections, mais avec le recul, j’estime que c’est un peu trop demander à quelqu’un de faire ses preuves en UN défilé, alors qu’il vient d’arriver et qu’il n’a pas fini de s’approprier l’esprit d’une maison fondée par quelqu’un d’autre. Honnêtement, çà demande beaucoup de temps de se trouver au milieu d’une autre fibre artistique que la sienne, même si on a des connivences. Malheureusement, avec le rythme actuel, ce temps on ne l’a plus . Le public veut tout , tout de suite, sans attendre. Et tant pis si on pense X ou Y, seul l’aval du pôle financier de la marque semble avoir de l’intérêt.

Dans ce contexte, il aurait été bien qu’une parution spécialisée fasse son métier de dénicheur de talents, en nous dévoilant des créateurs à l’oeil vif et frais. Et l’espace de quelques instants, j’ai cru que le changement de rédaction en chef chez VOGUE nous amènerait sur cette voie-là… Que nenni. 1ère couverture sous ALT: Gisèle Bundchen. Deuxième couverture sous ALT: Kate Moss. Il paraît que l’ex-rédac’chef a laissé des consignes jusqu’au numéro de Septembre, et que finalement on ne verra un Vogue 100% Alt qu’à partir d’Octobre 2011… Je ne suis pas sûre que cela change grand chose, je pense plutôt que Vogue deviendra un  » GRAZIA  » de luxe, soit un magazine plus « proche » de son lectorat ( un peu comme ce qu’a voulu faire Tonchi avec le magazine W ), mais pour ce qui est de la pertinence des articles, faudra (encore) repasser. Cela me permet donc une transition sur la vraie raison de ce post.

Lorsque j’ai découvert cette couverture du Vogue Mai 2011, ma 1ère réaction ( comme beaucoup je suppose ) a été de lever les yeux et de secouer la tête. J’veux dire, franchement KATE MOSS ? On ne la voit pas ASSEZ comme çà ? Peu importe. Puis par la suite, je regarde plus bas et me rend compte que le prix sur la couverture n’est pas le même… Croyant d’abord à une erreur d’impression, il se trouve qu’en fait..Vogue a augmenté le prix de son magazine..et d’ UN EURO CINQ s’il vous plaît, passant de 4€90 à 5€95. Je ne sais pas vous, mais je trouve çà complètement DINGUE. Bien évidemment, ma 1ère réaction est de savoir COMMENT ils justifient une telle augmentation brutale ? J’ai eu beau chercher sur le web, rien, même les sites anglosaxons les plus informés du milieu n’en parlent pas. Ensuite, j’ai essayé de voir si ce numéro avait quelque chose de SPECIAL qui justifierait pareils changements ( un hors-série ? un cadeau collector ? un CD/DVD des coulisses ? ), et je n’ai rien trouvé non plus. J’aimerais donc VRAIMENT savoir POURQUOI le prix a augmenté et pourquoi Condé Nast n’a pas publié de communiqué de presse à ce sujet ?

Je trouve çà quand même d’une arrogance FOLLE. Si encore il y avait une chute drastique des revenus publicitaires, je comprendrai qu’ils essayent de se rattraper sur le prix de vente par exemplaire. Or, d’après les tous derniers chiffres de l’ OJD ainsi que les rapports financiers de LVMH ( annonceur majoritaire chez Vogue ), la pub pour les produits de luxe se porte BIEN voire TRES BIEN ( LVMH affiche pas moins de 14% de croissance, en plein temps de « crise » ). Si ce n’est donc cela, pourquoi avoir augmenté le prix ? D’ailleurs même, augmenter le prix pour quel contenu ? Déjà que ce magazine comporte 4 à 5 fois plus de publicités que d’articles, il faut en plus payer plus cher pour çà ? C’est tout de même incroyable ce que l’on peut faire quand on a le monopole, soit, entuber les gens et le faire sans rendre de comptes ! Est-ce normal qu’entre la COUVERTURE d’un magazine et le SOMMAIRE, il y ait 10 pages de publicité ? Qu’on doive arracher une VINGTAINE de pages publicitaires pour avoir 2 à 3 articles qui se suivent ? Qu’il y ait une pub en plein milieu d’un article en 2 parties ???? Je sais bien que quelque part, la lecture n’est pas forcément la VOCATION de ce magazine, mais il y a tout de même des limites en matière de respect des lecteurs !

Par ailleurs. Généralement, quand les magazines augmentent leurs prix, ils le font graduellement et rajoutent 20 à 40 centimes sur le prix initial, quitte à ce qu’ils atteignent la hausse d’un euro au bout de plusieurs mois. Pourtant, je vois que chez Vogue, on ne s’embarrasse pas trop. Mais après tout, à quoi bon ? Il y aura toujours des gens pour acheter et se confondre en émois pour pas grand chose. Et puis, je suppose qu’on me dira que ceux qui trouvent la démarche choquante ( comme moi ) ne font pas partie de la cible de ce magazine à la base.

De toute façon, comme l’avait dit je ne sais plus qui, Vogue Paris n’est pas là pour du contenu journalistique, mais pour faire perdurer la « légende » ( et gagner beaucoup d’argent, ce faisant ) d’une supposée élégance parisienne Parisian Chic mon c*l qui, pour ma part, n’existe plus depuis un moment. Et ce n’est pas le fait de nous bassiner avec Inès de la Fressange qui me fera changer d’avis.

Quoi qu’il en soit. J’attends la suite des événements, sait-on jamais. Peut-être que tout ceci est un simple « malentendu« .

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