Le fossé numérique en France : le reconnaitre et le combler

Le Centre d'analyse stratégique publie un rapport sur le fossé numérique en France, qui vise à faire le point sur les populations exclues des nouvelles technologies et les moyens de remédier à cette exclusion ainsi que les systèmes à mettre en place pour exploiter les possibilités de ces technologies, tant dans le domaine éducatif que thérapeutique et pratique, notamment chez les personnes âgées. Le Centre d'analyse stratégique s’est notamment appuyé sur des enquêtes statistiques, en particulier celle de l’INSEE sur les technologies de l’information et de la communication auprès des ménages (2008), et s’est également penché sur les pratiques de pays étrangers : le Canada, la Corée du Sud, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.

Les constats : nous ne sommes pas tous égaux face au numérique, pourtant partie intégrante d’une éducation réussie

Certaines catégories de la population restent en marge du numérique, en raison de facteurs générationnels (seuls 18 % des plus de 65 ans se servent d’Internet en France, contre 65 % au Danemark et 68 % en Finlande), sociaux (34 % des personnes aux revenus les plus faibles possèdent un ordinateur à domicile et 28,2 % une connexion Internet, contre respectivement 91 % et 87,1 % des personnes aux revenus les plus élevés) et/ou culturels (les personnes les moins diplômées ont moins accès à un ordinateur (56 %) et à Internet (50,5 %) à leur domicile).

En outre, le nombre d’enfants constitue un facteur d’utilisation d’Internet (plus il est grand, plus Internet est présent) et les différences entre citadins et ruraux en matière d’équipement comme de connexion sont minimes. Par ailleurs, le rapport note des inégalités croissantes au sein de la population jeune : 16 % des 15-24 ans n’accèdent pas à Internet à leur domicile, alors que le dépouillement par l’OCDE des tests PISA effectués en 2006 tend à montrer une corrélation entre les mauvais résultats scolaires et l’absence ou la très faible utilisation d’un ordinateur et d’Internet à domicile. Sans surprise, 34 % des jeunes les moins diplômés n’utilisent pas Internet régulièrement.

Si l’absence d’Internet a un impact négatif sur les résultats scolaires, inversement, l’avis d’avril 2010 sur le numérique à l’école émis par le Haut Conseil de l’éducation indique que les technologies de l’information et de la communication peuvent contribuer à réduire les inégalités à l’école en renforçant le suivi individualisé des élèves. Parallèlement, le rapport établit que les « natifs du numérique » sont demandeurs d’outils interactifs, que les enseignants doivent donc apprendre à maîtriser et à intégrer à leurs cours.

En France, le développement du numérique à l’école, dont les grands axes ont été dessinés par le ministre de l’Éducation nationale le 25 novembre dernier, reste encore à venir. Par exemple : l’expérimentation de manuels scolaires numériques via des Espaces numérique de travail (ENT) en France reste pour le moment insatisfaisante car les atouts de l’interactivité permise par le numérique n’ont pas été suffisamment exploités.

Les propositions : ouvrir l’accès au numérique à tous, en particulier à la population la plus jeune et la plus âgée

En premier lieu, pour répondre au problèmes des jeunes exclus des nouvelles technologies, le Centre préconise dans son rapport de consacrer une partie du Plan de développement des usages du numérique à l’École à la formation et à l’équipement (appareils et abonnements) des 15-24 ans qui se trouvent en marge de ces technologies.

En deuxième lieu, en réaction à la fracture numérique générale, le rapport met en avant l’importance d’instaurer un accès haut débit à bas coût pour les personnes en difficulté en réduisant les tarifs, soit par le jeu sur la concurrence, soit par la mise en place d’un tarif social pour Internet. Cette démocratisation d’Internet doit aussi se faire par le développement du réseau d’espaces numériques publics (EPN) et la mise à disposition d’ordinateurs connectés, notamment dans les logements sociaux et à destination des familles défavorisées.

Enfin, le Centre recommande l’utilisation du numérique pour préserver les personnes âgées de l’isolement et les aider à lutter contre leur maladie ou à bénéficier d’un suivi médical à distance. Pour ce faire, il faut cependant mettre en place un accompagnement personnalisé et des logiciels, voire des matériels, adaptés.

Télécharger le rapport ici.

Source : ITRnews