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De l'huile (de schiste?) sur le feu !

Publié le 22 avril 2011 par Dominique Lemoine @lemoinedo
Alors que le gouvernement espérait avoir calmé les écologistes qui refusent l'exploitation des gaz et huiles de schiste en France (et en Europe), un rapport  d'expert risque de mettre l'huile (de schiste?) sur le feu !
Et pour cause, les auteurs de ce rapport provisoire d'une cinquante de pages mis en ligne hier sur le site du ministère estiment "qu'il serait dommageable économiquement de ne pas poursuivre les recherches même si celles-ci doivent être encadrées de manière à prendre une décision rationnelle sur l'exploitation du gisement français"
Au moment même où on entrevoit la fin des hydrocarbures et que les pressions géopolitiques se font de plus en plus pressantes, les réserves de gaz et huiles de schiste semblent constituer pour les experts consultés une véritable aubaine !
Les réserves de gaz de schiste techniquement exploitables sont en effet évaluées (en milliards de pieds cubes) à : 8 pour l'Allemagne, 17 pour les Pays-Bas, 41 pour la Suède, 83 pour la Norvège, 180 pour la France, 187 pour la Pologne.
Selon des experts, les réserves françaises représenteraient 90 ans de notre consommation actuelle !
Alors pourquoi une telle opposition au gaz et huiles de schiste ?
En fait, le problème concerne les techniques utilisées pour extraire ce gaz situé en grande profondeur (plus de 2000 mètres souvent) et qui est très diffus dans la roche (la gaz est présent en faible concentration dans un énorme volume de roche).
Ces techniques sont extrêmement polluantes, consomment d'énormes quantités d'eau et apporteront des modifications irréversibles du sous-sol.
La technique actuellement (2011) retenue consiste à utiliser l'hydrofracturation qui consiste en la fracturation des poches de gaz par injection d'un liquide constitué d'eau et d'additifs, dont certains peuvent être toxiques. Chaque puits peut être fracturé plusieurs dizaines de fois, chaque fracturation consomme entre 7 et 28 millions de litres d'eau dont une partie seulement est récupérée.
Ces techniques posent d'énormes problèmes écologiques et il suffit d'analyser ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis pour comprendre que nous ne sommes pas face à une peur irraisonnée mais devant des faits incontestables et prouvés.
Il est vrai que nous sommes devant des défis énergétiques importants pour les années à venir et qu'il peut être tentant de vouloir exploiter des réserves aussi importantes qui dorment si profondément sous nos pieds (rappelons que ce ne sont que des réserves estimées).
Mais nous ne devons absolument pas jouer une fois de plus aux apprentis sorciers et nous devons prendre consciences que les technologies actuellement utilisées sont irresponsables.
Tous ces éléments démontrent que les permis n'auraient jamais dû être accordés par Jean-Louis Borloo et que Nathalie Kosciusko-Morizet a eu raison de les annuler.
Il faut qu'une loi soit votée afin d'interdire définitivement l'exploitation des gaz et huiles de schiste par des forages verticaux ou horizontaux suivis de la fracturation hydraulique des roches.
Il faut également que cette loi abroge les autorisations délivrées.
Ce projet de loi sera examiné à l'Assemblée Nationale le 10 mai prochain. Ce sera un combat à gagner mais en attendant, il faut rester vigilant car on connaît la puissance de persuasion des grands groupes financiers dès qu'il y a d'importants bénéfices à la clé.

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