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Le monde de l’édition tente de séduire les développeurs

Par Ebouquin

Le monde de l’édition tente de séduire les développeurs

L’édition américaine serait-elle en train de faire sa mue? Il y a quelques semaines se tenait un événement rassemblant les dirigeants des plus prestigieuses maisons d’édition américaines et ce fut le moment de constater que toute la profession se dirige vers une nouvelle ère. Livres Hebdo rapporte cette semaine le contenu des ces échanges qui permettent de réfléchir au tournant que prend actuellement l’édition américaine.

Sur les 80 dirigeants présents, ils ont été nombreux à avoir recruté des profils jadis absents des maisons d’éditions, comme des ingénieurs, des développeurs, des webdesigners ainsi que des statisticiens. Pour Scott Lubeck, directeur du Book Industry Study Group, ces recrutements d’un nouveau type concernent environ 10 à 15% des éditeurs qu’il étudie. Le reste des acteurs n’a pas encore amorcé ce changement de mentalité mais il est fort probable que ce pourcentage comprenne les éditeurs les plus importants (Random House, Simon & Schuster, Penguin etc.). Ainsi, l’édition adopterait progressivement la composition qui existe dans les start-ups évoluant dans l’édition numérique, dont les équipes sont majoritairement composées de développeurs mobiles et de designers.

Le monde de l’édition tente de séduire les développeurs

Cependant, pour certaines entreprises, le choix de l’externalisation est fait au dépend de la constitution d’équipes en interne. HarperCollins fut le seul éditeur à détailler son choix, visant à trouver un juste milieu entre recrutement de compétences en interne et emploi de prestataires. Aujourd’hui, 22 salariés dédiés au numérique ont été recrutés par HarperCollins et l’entreprise envisage de continuer les recrutements dans les prochains mois. Une maison comme Random House est également engagée dans le même processus de recrutement, notamment avec cette récente annonce pour un Senior Digital Producer qui conviendrait parfaitement à un profil technique (mêlé d’une expérience marketing).

Pourtant, même si ce volontarisme est à souligner, qu’est-ce qui poussera un jeune développeur à venir sur la côte Est? En tout cas, ce ne sera pas la feuille de paie. D’après le site Payscale (un outil de comparaison de salaires), la rémunération d’un développeur chez un éditeur (presse ou livres) est de 61 100$ (soit plus de 42 000€) tandis que dans la Silicon Valley, une même personne pourra prétendre à un salaire de 69 000$ (47 600€). Bien entendu, ces chiffres ne reflètent pas forcément la réalité et l’écart peut s’avérer être plus élevé suivant les entreprises.

Le monde de l’édition tente de séduire les développeurs

La situation est semblable en France où l’édition peine encore à séduire les techniciens du numérique dont elle a besoin. Aujourd’hui, les éditeurs se contentent d’externaliser leurs tâches de développement et d’élaboration de contenus. Concernant la production, Jouve ou Nord Compo récupère la majorité des contrats. Mais lorsqu’il s’agit de mettre un peu d’originalité, les maisons s’adressent à de petits structures, des start-ups qui exercent dans l’univers encore jeune de l’édition numérique ou du webdesign. Cependant, ce tissu de compétences est encore maigre et l’on ne peut déplorer le manque (actuel) d’innovations ou de créations en provenance de ces structures.

Encore jeunes, elles ont du mal à se mettre en phase avec les groupes d’éditions pour lesquels le numérique est encore un marché peu rentable. L’édition française est particulièrement hiérarchisée et les avis sur un projet numérique divergent souvent. De plus, l’absence de culture partagée entre le monde éditorial et celui des nouvelles technologies laisse parfois ces deux acteurs perplexes, l’un en face de l’autre. Une réponse intelligente passera par une intégration en interne de ces talents issus du monde du numérique, soit par un recrutement (mais comment séduire ces spécialistes?) ou bien des rachats de sociétés. Même si certaines d’entre elles laissent penser le contraire, les grands groupes d’édition ont encore une situation financière qui leur permet de réaliser des investissements, tant en ressources humaines qu’en technologies. Des investissements essentiels qui, s’ils sont faits, seront un pas important de l’édition vers l’ère du numérique.


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