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Festival du Film Asiatique de Deauville | 2011 | part. I

Publié le 23 avril 2011 par Bamboo @Bamboo_Club

De l’eau (tiède) a coulé sous les ponts (rouges)… Mais chose promise chose due. Un avis sur un film.

Donor

Donor dans la mouvance du nouveau cinéma philippin
Mark Meily, réalisateur repéré au 13ème Festival du Film Asiatique de Deauville offre une opportunité supplémentaire de découvrir un cinéma peu connu.

Donor est un film où l’on retrouve l’atmosphère si particulière à certains pays d’Asie du Sud-Est : plongé dans une ambiance de rue, de ruelle avec des vendeurs de camelotes et des marchands installés à la sauvette. Il y a cette chaleur qui nous fait nous réfugier n’importe où, pourvu qu’il y ait un ventilateur ou de l’air conditionné. Et dans cette moiteur, on nous décrit le quotidien de Lizette (Meryll Soriano), son petit boulot de vendeuse de DVD pirates. On est témoin aussi de ses querelles d’argent avec Danny (Baron Geisler), son petit ami au comportement de gigolo, fainéant et bon à rien. Tout comme on pressent que leur petit intermède sexuel deviendra un souci de plus pour elle.

Il en émane qu’à Manille vivre sans espoir est plutôt banal, que de toute évidence on ne peut rien faire faute d’argent. Par conséquent lorsque l’occasion d’en gagner et de changer les choses se présente, Lizette l’a saisie. Quitte pour cela à vendre un rein. Ne dit-on pas que les plus misérables commencent par monnayer leurs cheveux, puis leurs dents, puis…? Cela semble être le prix à payer pour s’en sortir, voire même pour offrir le cadeau réclamé à corps et à cri par son homme : un revolver.

L’œuvre ne pâtit pas autant qu’on aurait pu a priori le penser du manque de moyens. Il s’agit bien au fond de décrire la pauvreté. Il y avait peut-être même une obligation pour son auteur de voir, de filmer immédiatement juste avec un tel budget serré (de l’ordre de 50 000 euros). Le réalisateur y parvient. Il nous retient en racontant l’histoire ordinaire de « petites gens » si proche d’un fait de société, abordant le sujet du trafic fort répandu d’organes.

Malgré cette condition désespérément triste, le film est parsemé de traits d’humour, d’ironie – un touriste qui souhaite acheter une copie du film Les Quatre Cents Coups ; Lizette qui ne demande qu’à manger à son propre repas de noces. L’interprétation de Meryll Soriano et de Baron Geisler – tous les deux excellents, y fait beaucoup. L’un et l’autre présentent la bonne mesure de désenchantement, naïveté et ridicule.

En regardant le cinéma philippin, on regarde aussi des femmes qui dirigent leurs quotidiens (du moins essayent, même malhabilement, même cahin-caha) bien plus que ne le font les hommes. On ne voit chez Lizette ainsi que chez les Lola de Mendoza, aucun homme sur qui compter. Les hommes qui sont là, font plutôt figure de fauteurs de troubles, amateurs ou utilisateurs d’armes. Ceci amenant facilement à cela : on sort son arme et la vie humaine n’a plus grande valeur.

Grâce à ce long métrage, Mark Meily va contribuer à entretenir l’intérêt croissant porté au cinéma de son pays. Certes, il n’y a pour le moment pas prétention à la flamboyance d’un Brillante Mendoza ou d’un Raya Martin mais cela pourrait se faire…

[Article publié sur toutlecine]

• CREDIT PHOTO | DEAUVILLEASIA.com •

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