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Il était en colère…

Publié le 23 avril 2011 par Do22

Il arrive qu’on se retrouve dans le champ d’une personne qui vit des émotions qui ne nous appartiennent pas, qu’elles soient positives ou négatives. Exemples : elle pleure son chat, il est frustré parce que son soufflé n’a pas levé, elle vient de se piquer en reprisant une chaussette, il a égaré ses clés, etc.
Émotions anodines, me direz-vous ? Émotions qui, cependant, peuvent amener l’expérimentateur à déverser quelques remarques désobligeantes, parfois même considérées comme blessantes, à un interlocuteur présent, histoire de défouler le trop-plein. C’est là que, des fois, on se dit qu’on aurait mieux fait d’être ailleurs…
En fait, et je vais éventuellement en faire friser quelques-uns, les émotions que les personnes vivent autour de nous ne nous appartiennent pas du tout, de toute façon : elles sont déclenchées par des personnes et situations. Nous pouvons d’ailleurs éventuellement être le déclencheur de ces émotions, consciemment ou inconsciemment, tout comme tant de personnes nous déclenchent dans les nôtres quotidiennement.
Tout ça pour dire que je me suis retrouvée dernièrement prise en sandwich entre une personne qui se plaignait sans arrêt - Dorothée - et l’autre - Barthélémy - qui en avait par-dessus la tête des plaignardises de la première. Je n’avais absolument aucune raison de recevoir les frustrations de Barthélémy mais c’est quand même ce qui s’est un peu passé. J’étais venue leur dire bonjour et suis arrivée dans un moment où les éclairs n’étaient pas que dans le ciel…
tournesols_resize.jpg J’avais au moins deux réactions possibles, en suivant mon cœur et/ou mes trippes :
Ce n’est jamais agréable de se sentir agressé alors qu’on n’a rien fait pour, du moins le pense-t-on. Le fait que Barthélémy soit agressif car en colère aurait donc pu venir me déclencher intérieurement, me faisant toucher à mes propres blessures ravivées par son attitude.
Ce même fait pouvait, au contraire, me permettre de voir que je n’ai pas à vivre ce genre de situation et m’en aller en restant tout à fait calme car pas touchée par ces émotions qui ne m’appartiennent pas.
En l’occurrence, j’ai dit gentiment au-revoir et me suis eclipsée en prenant la décision que j’allais prendre 2-3 jours de distance en silence, histoire que les frustrations de Barthélémy se fondent en poussière.
Vers 10h ce matin, le téléphone a sonné. Au bout du fil, Barthélémy de bonne humeur, sa colère complètement dissipée.
-   Ça y est, je vais bien ! m’a-t-il lancé. J’avais besoin de comprendre pourquoi j’étais en colère ces derniers jours pour qu’elle disparaisse !
-   Et qu’as-tu compris ? lui ai-je demandé, intriguée.
-   Le fait est que Dorothée n’arrêtait pas de se plaindre qu’elle était faible et avait des réactions bizarres depuis quelques jours…
-   Oui, j’avais remarqué, et… ?
-   J’ai eu un flash hier en réalisant que c’est depuis qu’elle prend ce nouveau médicament que son attitude est devenue exécrable. J’ai donc appelé à la pharmacie et la pharmacienne m’a confirmé que ce produit peut amener le patient à devenir un peu gaga. En comprenant ça, ma colère est tombée : Dorothée était droguée, si je peux dire, ce qui la rendait insupportable. Elle ne faisait pas exprès !
La colère de Barthélémy a été déclenchée par l’attitude de Dorothée, laquelle était déclenchée par un médicament qui la rendait de plus en plus dépendante de Barthélémy car l’affaiblissant beaucoup.
Au-delà ce tout ça, ce qui a réellement déclenché la colère de Barthélémy est qu’il en avait assez de se sentir pris au piège dans sa chère liberté par sa blonde qui, temporairement malade, se retrouvait dans un état de dépendance malgré elle. Barthélémy ne supporte pas d’avoir l’impression d’être en cage…
Il n’y avait donc aucune raison que je reste hier soir à écoper des frustrations de Barthélémy : ses émotions ne m’appartenaient effectivement pas du tout.
Quand on se retrouve dans une telle situation, il est donc toujours bon de se poser les bonnes questions :
1. Suis-je le déclencheur de sa réaction à mon égard ?
Si je pense que oui, est-ce que je dois m’en sentir coupable ? Réponse : NON ! Je peux me sentir responsable mais pas coupable de sa réaction car une autre personne aurait pu réagir complètement différemment : sa réaction lui appartient en totalité et ne m’appartient donc pas du tout.
2. Suis-je déclenché dans mes blessures par son attitude ?
Si non, je peux quitter la situation ou l’aider à comprendre sa réaction en étant un bon reflet.
Si oui, je peux rester et participer à l’envol d’émotions négatives qui risquent d’envenimer la situation plutôt que de la régler… ou quitter la situation et aller m’occuper de régler mes propres enjeux !
Il est donc bien important de toujours regarder au moins deux facettes d’une même situation…
Dominique Jeanneret
Thérapeute


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