MUSIQUE D'OMBRE.
La musique de l'eau
Incline l'ombre hâtive du ciel
Dans l'oeil du torrent
Glisse sur ton corps
Qui se dévêt de ses muscles
Et pénètre dans tes os
Comme un feu de sèves amères
La nue creuse la peau
De ton visage qui s'aiguise
Aux angles acérés des pierres
Et dessèche tes lèvres closes
En un bruit sec de givre
Parmi de lointains échos de vent
Ta voix rompt le silence
Abrupt des jardins
Ton pas s'alourdit sur la grève
Qui regagne au soir d'autres rives
Tu vis par l'écriture du feu
En ce lieu désert privé d'âme
Qui est semblable à la terre
Et de même poids dans tes mains
La flamme ardente du songe
- Ecume et mort solaires -
Circule dans tes veines
Et brûle tes yeux ouverts
Sur la nuit obscure qui devient
Vigile de ta voix près des sources
La mémoire des jours enfuis
Marche à l'encontre de tes pas
Comme de nouveaux paysages
Qui rassemblent parmi le feu des routes
Cette floraison de mots et de signes
Dans chaque visage de l'ombre
Arbres de chair vive
Et de paroles nomades
Qui volent de nuit sur les pierres
Et étirent leurs branches nues
Autour des lampes éteintes