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Le Parsifal du Bayerische Staatsoper a comblé toutes les attentes

Publié le 25 avril 2011 par Luc-Henri Roger @munichandco
Comme il est d'habitude autour du Vendredi Saint, l'Opéra de Munich avait programmé le chef d'oeuvre de Richard Wagner. Il s'agissait de la reprise de l'excellente mise en scène de Peter Konwitschny avec une distribution étourdissante par sa qualité.
Le Parsifal de Nikolai Schukoff, outre qu'il a le physique du rôle, un corps jeune et musclé, joue parfaitement bien les ingénus innocents en départ de partie alors qu'il atterrit sur scène en volant au bout d'une corde-liane comme une espèce de Tarzan indianisé porteur d'une coiffe de plumes. Il est jeune, brutal, il vient de tuer un cygne, de causer la première hémorragie de cet opéra où le thème du sang est central et récurrent. Sa voix résonne avec une clarté dorée. Il rend à travers tout l'opéra magnifiquement la progression du personnage qui devra grandir de la jeunesse inconsciente de celui qui ne sait pas même son nom à la Royauté glorieuse du Sauveur de la Sainte Lance de Longin et du chef des protecteurs du Graal. Du côté des voix masculines, on admire tout au long de la soirée l'excellent Gurnemanz du Coréen  Kwangchul Young qui tient le public suspendu à ses lèvres pendant la très longue évocation du passé de la première partie, dont on sait qu'elle est un écueil redoutable tant le temps peut sembler long à l'écouter si elle est mal interprétée,  et on est saisi d'admiration par l'interprétation impeccable et nuancée d'Amfortas par le baryton Michael Volle, qui sait rendre toute la psychologie contrastée du Roi affaibli. On aime aussi la beauté du timbre du Klingsor de John Wegner. Et puis, et si j'ose surtout, tant la qualité de tous les protagonistes confond, on entre dans le domaine du superlatif avec la Kundry d'Angela Denoke qui joue en actrice consommée avec force et engagement. Quelle présence et quelle voix! On entendait les commentaires admiratifs d'un public d'habitués qui la comparait à Waltraud Meier en lui transmettant la couronne!
La palme absolue revient à la direction de Kent Nagano. Son interprétation théâtrale rend à Parsifal son statut d'opéra. Nagano donne vie à cette oeuvre difficile tant les personnages sont pour la plupart englués dans des maladies ou un désespoir sans fin, il la théâtralise. On perçoit l'attention minutieuse que Nagano offre tant aux chanteurs qu'à l'orchestre, et le temps qu'il donne au chant de se déployer. Ah la beauté des cuivres! Nagano nous procure une joie intense, constante, qui ne se dément pas tout au long de cet opéra démésuré dont on sort tout étonné que ce soit déjà fini. Les cinq heures et demi ont passé dans l'enchantement, et l'on reste là, imprégnés de sacralité  théâtrale,  à applaudir sans fin. Faut-il souligner combien tous se réjouissent et se délectent à l'avance du Ring qu'il donnera l'an prochain. Après ce Parsifal on peine vraiment à croire ce qui circule,  que d'aucuns aient pu qualifier son travail d'anti-wagnérien, alors qu'il rend et construit,  en en déployant toutes les subtilités, la magnifique architecture de ce chef d'oeuvre.
Programmation:
On retrouvera ce Parsifal en avril 2012, il est actuellement programmé pour deux représentations, avec une distribution différente, avec la présence annoncée de Waltraud Meier. Seul Michael Wolle revient en Amfortas. Pour plus de détail, cliquer ici.

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