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Le travail, cancer qui ronge nos vies et détruit le monde

Publié le 27 avril 2011 par Ttdo

Rien n’y fait. France Télécom/Orange, Générali, Renault, La Poste, EDF, Caisse d’Epargne,sans parler de l’Education nationale…la liste des salariéss retournant contre-eux la violence manériale qui leur est imposée s’allonge de jour en jour. Suicides, grèves de la faim et, aujourd’hui, comble de l’horreur, immolation !

Comment ne pas s’interroger sur ce qui peut conduire quelqu’un à attenter à sa vie à cause du travail ? Comment ne pas s’interroger sur le déplacement de la violence vers soi-même ? Comment, derrière la diversité des situations, ne pas discerner le signe de la violence du mode de discipline dominant dans nos sociétés néolibérales : le travail comme seule source de reconnaissance (et de revenus), la consommation comme seule façon d’exister ? Centrés sur nous mêmes nous en oublions de faire monde et même dans des conflits collectifs, c’est à notre intégrité physique et psychique que nous nous attaquons. N’avons-nous pas perdu le sens du politique ?

C’est que nous nous attaquons aux symptomes et non à l’origine de nos maux : la centralité du travail qui sous sa forme  salariée et productiviste est devenu le cancer qui ronge nos vie et détruit le monde.

Le mal est en effet beaucouop plus profond et dépasse largement le cas de France Télécom. C’est le statut prépondérant accordé à une “ressource”, “une valeur” qui se détruit elle-même, le travail, qui doivent être remis en cause. Chaque personne qui a un travail est dans la situation de ressentir qu’avec tous les efforts de productivité qu’on lui demande, on exige en fait qu’il détruise du travail, le sien et/ou celui d’autres. Et cette demande est inscrite dans la logique d’accumulation du capitalisme. La fameuse “injonction paradoxale” qui rend fou est bien là : “Travaillez plus pour détruire du travail, en rechercher tout le temps” alors que la richesse de nos sociétés et même du monde permettrait, dès aujourd’hui  de dépasser cette contradiction.

En 1958 Hannah Arendt écrivait :

“L’époque moderne s’accompagne de la glorification théorique du travailet elle arrive en fait à transformer la société tout entière en une société de travailleurs. Le souhait se réalise donc, comme dans les contes de fées, au moment où il ne peut que mystifier. C’est une société de travailleurs que l’on va délivrer des chaînes du travail, et cette société ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de gagner cette liberté. Dans cette société qui est égalitaire, car c’est ainsi que le travail fait vivre ensemble les hommes, il ne reste plus de classe, plus d’aristocratie politique ou spirituelle, qui puisse provoquer une restauration des autres facultés de l’homme. Même les présidents, les rois, les premiers ministres voient dans leurs fonctions des emplois nécessaires à la vie de la société, et parmi les intellectuels il ne reste que quelques solitaires pour considérer ce qu’ils font comme des œuvres et non comme des moyens de gagner leur vie. Ce que nous avons devant nous, c’est la perspective d’une société de travailleurs sans travail, c’est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire.”

Soucieux de trouver un travail qui nous aide à survivre et, même pour certains, soit une raison de vivre, nous en oublions ce qui devrait être politiquement au centre de nos préoccupations : le souci d’un monde durable. 

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