Magazine Société

Fable de Jean de La Fontaine : le Chêne et le Roseau

Publié le 28 avril 2011 par Unpeudetao

Le Chêne un jour dit au roseau :
Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet  pour vous est un pesant fardeau.
   Le moindre vent qui d'aventure
   Fait rider la face de l'eau,
   Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
   Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphir.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
   Dont je couvre le voisinage,
   Vous n'auriez pas tant à souffrir :
   Je vous défendrais de l'orage ;
   Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La Nature envers vous me semble bien injuste.
 Votre compassion, lui répondit l'Arbuste ,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
   Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
   Contre leurs coups épouvantables
   Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
   Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.
   L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
   Le vent redouble ses efforts,
   Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

********************************************************


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Unpeudetao 369 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog