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OTAN en Libye (5) Une moindre efficacité ?

Publié le 28 avril 2011 par Egea

Suite de la série de billets sur l'OTAN libyenne.... (précédent ici)

OTAN en Libye (5) Une moindre efficacité ?
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Le passage de la coalition à l’opération Unified Protector marqua apparemment un rythme moins enlevé. Cela suggérait que ....

.... l'alliance n'était pas l'outil idoine pour intervenir dans l'urgence (dans une coalition, moins on est nombreux, plus on intervient vite) . Cette baisse de rendement est due à plusieurs choses : le manque d'avions disponibles pour frapper, mais aussi la peur de dommages collatéraux qui entraîne une plus grande prudence . Heureusement, les avions de l'alliance sauvaient Ajdabiya le 10 avril, ce qui taisait les critiques des insurgés.

Mais il ne s’agissait pas seulement du nombre d’avions, mais de leur emploi. Ainsi, nombre d’Européens se livraient à leurs vieux démons : la renationalisation des politiques (d'ailleurs initiée par le condominium franco-britannique) incitait chacun à faire valoir ses propres options : et ce sont les restrictions nationales qui s'accumulent, ces « caveats » qui entravent tant l'action coalisée en Afghanistan, et dont se plaignent les Américains depuis de longues années. Désormais, ce sont Paris et Londres qui critiquent les caveats des autres, et en rendent l'OTAN responsable. Car ces caveats constituent une nationalisation des règles d'ouverture du feu, symptôme de la renationalisation des politiques qui est le trait dominant de l'époque.

Remarquons au passage que cette renationalisation des politiques, qui touche aussi bien l'UE que l'Alliance, n'est pas forcément une bonne nouvelle même si elle paraît justifiée par une plus grande efficacité : à l'heure d'un monde zéro polaire (S. Serfaty), on a malgré tout besoin d'institutions collectives adaptées à la planétisation à l'œuvre. C'est en fait un affaiblissement et une fragilisation qui font face à l'éveil du monde. L'Europe redevient multipolaire dans un monde lui-même de plus en plus multipolaire. Elle se plaignait autrefois d'un monde où les Etats-Unis étaient trop présents pour justifier son inaction : alors que le moment voit le retrait américain, l'Europe prouve son absence de volonté.

Ainsi, c'était désormais la France et la Grande-Bretagne qui insistaient le 11 avril auprès des alliés pour qu'ils intensifient leurs frappes, et surtout lèvent leurs restrictions. Les moyens disponibles sont tellement faibles que les Américains furent obligés de revenir en appui, le plus discrètement possible, pour assurer des ravitaillements, la maîtrise de l'espace aérien, le renseignement électronique, voire quelques frappes….

Cependant, le 15 avril, les Américains revenaient publiquement dans le jeu, puisque les trois dirigeants, B. Obama, N. Sarkozy et D. Cameron signaient une tribune commune dans les grands journaux occidentaux. D'ailleurs, les Américains remettaient quelques avions en lice, pour bien marquer qu'il n'était plus temps de tergiverser. Mais là encore, c’était le triumvirat de départ qui reprenait les choses en mains, et non le CAN ou le groupe politique. Là encore, outre une moindre efficacité qu’attendue, la démarche montrait une moindre unité politique de l’alliance. D’ailleurs, cette tribune était beaucoup plus explicite sur les buts de guerre : « Il ne s’agit pas d’évincer Kadhafi par la force. Mais il est impossible d’imaginer que la Libye ait un avenir avec Kadhafi. (…). Tant que Kadhafi sera au pouvoir, l’OTAN et les partenaires de la coalition doivent maintenir leurs opérations afin que la protection des civils soit maintenue et que la pression sur le régime s’accroisse. Alors pourra commencer une véritable transition d’un régime dictatorial vers un processus constitutionnel ».

(à suivre)

O. Kempf


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