Magazine Société

Intervenant et Graffiteur

Publié le 28 avril 2011 par Raymond Viger

Intervention graffiti auprès des jeunes

Du graffiti au travail social

Mark a découvert sa passion pour le graffiti à l’âge de 13 ans. Initié à cet art par de jeunes adultes, il a décidé à son tour de redonner aux plus jeunes.

Dominic Desmarais  Dossier Graffiti, Hip-hop, Sterling Downey

graffiteur-suisse-mark-intervention-jeunes-graffitiLe graffiti a été pour lui un mode de vie qui l’a éduqué. Avec les valeurs qu’il a apprises, il s’est dirigé vers le travail social pour aider les jeunes chez lui, en Suisse. Mais  sensibiliser et convaincre les ados de ne pas peindre dans les endroits dangereux a ses limites.

Originaire d’une petite municipalité Suisse où tout le monde se connaissait, rien ne prédestinait Mark au graffiti, art méconnu dans son enfance. Ado, il passait des heures à dessiner et se promener en skateboard. Ce sont des jeunes dans la vingtaine qui, le voyant traîner, l’ont invité à peindre un mur avec eux. «Ça m’a plu. Je suis resté accroché. J’ai fait ensuite un peu de breakdance, du rap. Mais c’est le graf qui me rejoignait le plus. Tout ça grâce à une plus vieille génération qui nous a motivés, mes amis et moi.»

Le graffiti, une passion dévorante

graffiteur suisse mark graffer graffiti Mark et ses compagnons, à l’aube de l’adolescence, dévorent tout ce qui s’écrit sur cet art naissant. «On savait qu’à Paris, ça existait déjà, le graffiti. On en voyait dans de rares publicités. C’était un défi pour nous de s’informer sur ce qui se passait ailleurs.» Les jeunes artistes en herbe se lient autour d’une même passion pour le hip-hop et le graffiti. Ils en mangent. Peu à peu, les centres communautaires de sa région s’ouvrent à l’idée. Mark peut cheminer en s’exprimant dans des festivals et sur des murs autorisés. «Le hip-hop, c’est une famille où les gens se reconnaissent. Je n’ai que de bons souvenirs de ma jeunesse. Je suis peut-être chanceux, mais l’énergie qui nous enveloppait était positive.»

Un art qui voyage

graffiteur-suisse-mark-montreal-convention-graffiti-internationale Mark perfectionne son art qui lui permet de voyager. Son talent est reconnu. Il se sent privilégié d’avoir tant reçu de la plus vieille génération qui l’a initié. «Quand tu deviens reconnu par tes pairs et par les plus jeunes, tu sens que tu as une valeur. Les gens t’écoutent. Les opportunités qu’on m’a données, je voulais les offrir à mon tour aux plus jeunes. C’est ce qui m’a mené vers le travail social. Ce n’est pas un emploi artistique, mais c’est créatif. Il faut trouver un moyen d’intéresser les jeunes qui ne sont pas obligés de venir. Il faut faire avec le peu qu’on a. Ce qui ressemble à la culture globale que j’ai reçue.» Mark a 33 ans. Malgré son âge adulte, la jeunesse, il connaît. Il trempe dedans.

Mark agit avec les jeunes comme les plus vieux l’avaient fait avec lui. Il ne leur dit pas quoi faire. «On leur fait voir ce qu’ils veulent. On va avec ce qu’ils vivent à l’intérieur d’eux. Qu’est-ce que tu veux ? Est-ce que ça te rendra heureux ? On vise beaucoup le court et le moyen terme avec les jeunes. On les aide à se trouver un appartement, à régler leurs problèmes juridiques, par exemple. Et on n’implique pas plus de 2 ou 3 partenaires pour les encadrer, les aider à se trouver. On leur expose les possibilités ou les conséquences quant à leurs choix, ce qui peut leur arriver. Mais c’est à eux de décider.»

Deuil difficile à vivre

Le travailleur social essaie d’éduquer les jeunes aux dangers reliés au graffiti. C’est qu’à 14 ans, il a perdu un ami très proche, happé par un train alors qu’il graffait dans une gare. «J’avais 14 ans, lui 15. Il faisait parfois des tags mais j’avais trop peur de me faire attraper. Je n’y allais pas. Sa mère n’aimait pas ça, alors il allait en faire un dernier. Il m’avait montré, dans un cours, le dessin qu’il allait faire, à la gare. Un END pour dire à sa mère que c’était terminé. Les gens l’ont plutôt associé à un suicide. Il est allé avec 3 amis, un soir. Deux sont morts sur le coup alors que les deux autres surveillaient. Ils n’ont rien entendu. Les gens ont soupçonné qu’ils avaient des baladeurs sur leurs oreilles. C’est resté une question sans réponses. On ne sait pas ce qui s’est passé. Mais ça ne changerait rien. Ça ne le ramènerait pas.»

Pour Mark, la mort subite de son ami est un choc. «C’est dur de perdre un ami à cause d’une passion que tu partages toi aussi. Moi, j’avais déjà peur du tag. Des trains encore plus. J’ai eu un blocage, un choc immense. Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais parlé de sa mort avec les deux survivants. Je n’avais pas besoin de savoir. C’était déjà assez dur à vivre.»

Il faudra du temps avant que Mark prenne conscience que cet accident ne doit pas se reproduire. «Dans la communauté hip-hop, on veut éduquer. On parle aux jeunes, inconscients, de notre expérience. On traite des dangers d’aller graffer dans ces endroits. Même chose dans les hauteurs où il faut escalader.

Certains vont chercher ce danger… et les poursuites avec la police. Mon ami ne cherchait pas le danger. C’était l’endroit qu’il cherchait. Un spot parfait. Un mur isolé entre deux voies ferrées.»

Prévention graffiti difficile

Parfois, le jeune homme a l’impression de prêcher dans le désert. «Ils ne sont pas tous ouverts. Ça n’arrive qu’aux autres… Alors je prends une autre approche. Je dis que sa copine n’aura plus de petit ami. Que ses parents n’auront plus de fils. Mais nous ne sommes pas allés plus loin. Nous n’avons pas sensibilisé de manière explicite la communauté graf. Mon ami a pris un risque et il en est mort. Toute mort est dommage… Mais est-ce que ta vie en vaut le prix, pour du graf? Pourquoi peindre là?»

Le jeune travailleur social ne se pose pas en moralisateur. Il n’est pas contre cette démarche, qui recherche l’adrénaline plus que l’art, mais il ne la cautionne pas. «Ça implique des dangers. Il faut en être conscient.»

Mark réalise qu’il est difficile de sensibiliser des adolescents au danger. «Pour eux, la notion de danger, c’est quoi? À cet âge, tu ne sauras jamais que tu rentres dans un mur avant d’être dans le mur. Donc tout est dans la prévention. Mais quelle est la meilleure façon? Des images choc? Je n’ai pas de réponse. Le problème, c’est que ça fait partie de l’adolescence, de braver l’interdit.

Comment prévenir ce comportement? Nous, avec la mort de mon ami, on a eu une référence. Ceux qui le connaissaient ne sont pas allés peindre sur des trains. Mais ç’a pris deux morts pour le comprendre…»

Mark hausse les épaules en signe d’impuissance. Il a été secoué par la mort de son ami, il y a près de 20 ans. Et il n’a toujours pas de solution pour sensibiliser des adolescents qui ne se sentent pas concernés par la mort des autres. Des jeunes qui, par l’art, ne veulent qu’exister.

«Avec le graffiti, c’est ta voix qui doit être perçue plus fort que celle des autres. Tu veux ressortir de la masse. C’est un moyen. On a tous envie que l’on se souvienne de soi. On est 6 milliards sur la terre, et on n’y reste pas longtemps. On est une goutte d’eau. Et on veut que tout le monde sache que cette goutte-là existe…»

Autre reportage sur la découverte du graffiti de Montréal par les Suisses.

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