Martine à la banque

Dans une semaine, je quitte l'Egypte. J'en suis aux derniers préparatifs : achat de souvenirs, lavage du sac de couchage, et... Vidage du compte en banque local sur lequel j'avais posé quelque 150 euros en cas de pépin.

Je ne suis allée qu'une fois à la national bank of Egypt pour ouvrir ce compte. En l'espace de quelques heures, j'ai eu droit a la caricature de l'Egypte dans toute sa splendeur.

On me donne d’abord un ticket pour aller à un guichet, qui n’est pas le bon où je me fais bousculer bien entendu par un gars dont ce n’était pas le tour mais qui voulait passer avant.

Je retourne voir monsieur ticket, un autre guichet, n°121 et je suis… 202 !!!

Je vous laisse imaginer la concentration de personnes dans cet espace réduit et non climatisé. Des tonnes de nénettes avec tout plein de couches de tissus attendaient en sueur debout, je me demandais qui gagnerait le concours du premier qui a un malaise. Bien entendu, aucun des bonhomme n’aurait eu la présence d’esprit de laisser son siège.

Le temps passe, un quart d’heure, une demi heure

Ca parle fort et pour notre plus grand bonheur, l’Egyptien kéké de base arrive avec son MP3 sans casque et la musique poussée à fond. Bien entendu, ça donne un son nasillard et ridicule mais surtout, ca fait ch… tout le monde. On a donc eu droit à quelques morceaux jusqu’au moment où un type lui fasse signe de s’arrêter.

Trois quart d’heure. On en est au 144

Je suis toujours là avec mon ticket 202, j’ai trouvé une place assise mais j’aimerais éviter de passer la journée à Mohandessine. Je me souviens soudain de comment j’évitais de faire la queue à Montpellier pour acheter un billet de train, comment je prenais le TGV quand les TER était en retard…

Bon j’ai vieilli depuis.

Mais en même temps…

Je m’approche de Monsieur sécurité

« Oui, alors j’ai le 202 mais dans une demi heure j’ai rdv chez le docteur, un bébé, toussa »

Oui, des fois ca a du bon d’avoir pris du poids…

Il ne peut rien faire pour moi.

Je la tente à l’Egyptienne (depuis le temps que je les vois faire) je bouscule un type à un guichet, m’adresse au mec derrière le comptoir « oui, bébé, docteur, rendez vous bientôt, toussa

- faut parler à la manager. »

On me conduit dans le bureau de la grosse madame avec qui il vaut mieux éviter d’être coincé dans un ascenseur.

« ca fait presque une heure que j’attends, rendez-vous, bébé, mal au ventre, toussa… »

Elle lève les yeux vers moi.

Je m’apprête à me faire jeter

« C’est votre premier, hein ? »

Euh… Ouais, on va dire ça…

« Le premier, ca fait toujours mal, les suivants ca va. Moi j’en ai trois et… »

C’est un garçon… (ca fait bien ça... au point où j'en suis)

Son visage s’illumine.

« suivez-moi »

Elle me fait passer derrière le comptoir, dans la cuisine de la banque avec tous les billets empilés de partout.

Là, elle charge un bonhomme de s’occuper de mon cas.

« vous voulez vider le compte ? euh… »

non ! je veux sortir !

Laisser le minimum et donnez moi le reste.

Au final, reste l’équivalent de 5 euros sur le compte et je me suis sortie de là en 10 minutes, une fois le comptoir passé.

Je suis allée remercier la manager qui m’a jeté un petit regard complice de maman.

Alors qu’il n’y a ni bébé, ni douleur… par contre, j’avais faim !

Pus c'est qu'un demi mensonge, j'avais vraiment rdv chez le gynéco après !

Il va arriver vite, ce 6 mai !rès ! 

C’est le jour où je vais quitter l’Egypte.

Peut-être un temps, peut-être pour toujours, je ne sais pas encore. Mais l’avenir nous le dira.