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Le 27 avril, sur France 5 : « ANIMAUX DISPARUS, MYSTERES PALEONTOLOGIQUES : TROIS CURIOSITES PREHISTORIQUES, le TIKTALIK, le BASILOSAURUS eeet…le DODO ! » .

Par Ananda

Le TIKTALIK est un des animaux fossiles qui marquent le « moment-clé » (pour nous) où les vertébrés sont sortis de l’eau pour apprendre à marcher sur terre, passant, ainsi, de l’état de poisson à celui d’amphibien.

Le BASILOSAURUS était probablement l’un des ancêtres (géant lui aussi) de nos baleines actuelles.

Quant à notre DODO national, il a aussi son importance en dehors de l’imaginaire mauricien, puisqu’il fut « le premier animal disparu à cause des êtres humains ».

« Des millions d’années » séparent ces trois êtres, « et pourtant, ils ne cessent pas de nous interroger dans ce que nous sommes et dans ce que nous faisons ».

Commençons avec le TIKTALIK.

Tout commence dans les années 2 000, avec des fouilles menées dans l’Arctique canadien où le paléontologue américain Jason DAWNS « traque un fossile » qui lui permettrait de faire le lien entre les poissons et les tout premiers vertébrés terrestres. « Il y a 400millions d’années, nous fait remarquer Dawns, tous les vertébrés vivent encore dans l’eau ».

Son fossile, il le trouve en faisant « l’extraordinaire découverte » du Tiktalik (c’est un nom Inuit, étant donné le lieu où on l’a trouvé), qui est rendue publique au cours de l’année 2006.

Avec Tiktalik, il est remonté jusqu’à 375 millions d’années, soit cinq millions d’années de plus que le plus vieux spécimen connu jusqu’alors de ce type de créature, l’ACANTHOSTEGA.

Tiktalik affiche encore des nageoires ; on peut dire que c’est un poisson. Acanthostéga, lui, possède des doigts et des pattes ; c’est, comme nous, un tétrapode.

Mais chacun d’eux marque une étape sur le chemin qui va « de la nageoire à la patte » !

Les recherches portant sur cette « sortie des eaux » sont parmi les plus « fascinantes ». Gaël CLEMENT s’est lui aussi lancé sur la trace des « tétrapodes dévoniens », vieux de 370 millions d’années. Constat de départ : « les fossiles de tétrapodes sont extrêmement rares », et malheureusement, les indices pouvant renseigner sur ce qu’était leur type d’environnement, quasi nuls.

C’est en Belgique (Wallonie), dans la « minuscule carrière abandonnée » de STUD, que Gaël va pouvoir remédier à ce regrettable état de fait. Ses trouvailles lui permettent, entre autre, de comprendre, enfin, leur « écosystème » et « les pressions environnementales » qu’ils subissaient.

A l’époque dévonienne, Stud était occupé par un « long fleuve bordé de grands arbres », et, selon le scientifique, il y a maintenant gros à parier que « les doigts ne sont pas apparus pour une fonction terrestre, mais pour une fonction aquatique », probablement en lien avec la nécessité de « fourrager dans les branchages pour chercher de la nourriture » et/ou pour « fuir les grands poissons prédateurs de trois à quatre mètres de long » qui hantaient les eaux à cette époque.

Le film, ensuite, nous introduit dans la toute blanche salle d’I.R.M d’un grand hôpital de la banlieue parisienne où Gaël transporte la dépouille la dépouille d’un « animal à nul autre pareil », lui aussi lié à nos pays de l’Océan Indien. Il s’agit d’un spécimen de COELACANTHE qu’il se propose de faire examiner.

Découvert, par hasard, à la fin des années 1930, le cœlacanthe vit dans les « grandes profondeurs » océaniques, autour des Comores et au large de l’Indonésie. Ce qui le rend remarquable, c’est qu’il possède des « caractères extrêmement primitifs ». Le scientifique s’explique : chez lui, « la nageoire ressemble un peu à une patte » et il a un os « homologue à notre humérus ». Incontestablement, il affiche des « points communs avec le Tiktalik » qui pour sa part possédait des « rayons osseux » dans ses nageoires.

Le Tiktalik « pouvait-il aller sur terre » pour autant ? Pas facile de répondre…

Une observation attentive de ses nageoires semble plaider pourtant en faveur d’un côté « envisageable » d’une telle hypothèse. A tout le moins, grâce à ses nageoires, avait-il la possibilité de « se redresser ».

En dépit de ces importantes découvertes, le gros du mystère demeure : « on ne trouve aucun fossile qui renseigne vraiment sur l’instant précis de la sortie des eaux » et, le 7 janvier 2010, dans un « article à sensation », un autre paléontologue travaillant aux Etats-Unis, Peer ALBERG, met en avant une nouvelle trouvaille, celle de « petites empreintes » avec « impressions d’orteils » et même « le pied entier » d’un animal énigmatique, dont il nous montre les moulages.

Ces découvertes ont été effectuées en Pologne, toujours « dans une carrière ».

Le problème est que ces « trace de pas » s’avèrent « de dix millions d’années plus vieilles » que le fossile Tiktalik.

« Nouveau rebondissement » qui a de quoi jeter quelque peu le trouble…Mais ainsi va la science.

Il est temps de passer maintenant au deuxième thème, le BASILOSAURUS.

Le premier décor que le film nous révèle, à ce propos, est celui d’un désert brûlant. Deux paléontologues locaux fouillent dans les pierres et la poussière ; nous sommes à WADI AL-ITAN, à 160 km au sud du Caire, et l’endroit est une véritable mine de cétacés fossiles, donc de potentiels ancêtres de la baleine. On nous apprend que « la recherche y a commencé en 1905 », puis s’est trouvée relancée en 1923. Après quoi elle connut une très longue période d’interruption…pour reprendre à nouveau, cette fois de façon décisive, dans les années 1970.

Mais nous revoici aux Etats-Unis, à l’UNIVERSITE DU MICHIGAN d’ANN HARBOR puis au MUSEE DE PALEONTOLOGIE local où ont été entreposés de nombreux restes fossiles, à l’intérieur de « casiers métalliques ».

En 1989 fut découvert un cétacé fossile étrange, puisqu’il était pourvu …d’un genou ; « cette baleine a encore une jambe ! »  fait remarquer son découvreur, cependant qu’il sort les os en question de leur tiroir et nous les montre. Et d’ajouter qu’une semblable découverte marque un vrai « tournant dans notre connaissance des cétacés », créatures, s’il en est, mystérieuses .

« Une jambe, un pied, des orteils sur une baleine fossile » : voilà le Basilosaurus, qui vivait il y a quarante millions d’années ; un être qui, cependant, n’était pas capable de marcher, car comment marcher avec « des jambes de la taille d’une allumette » ?

Le site égyptien de Wadi Al-Itan a livré à la science un squelette complet de Basilosaurus de 18 mètres de long…l’animal était d’envergure !

Le paléontologue Philip GINGERIDGE attire notre attention sur le fait que « les baleines sont les mammifères les plus dérivés, ceux qui ont le plus évolué », afin de s’adapter au plus radical des changements de milieux que l’on puisse imaginer sur terre, le retour à la vie aquatique. Son obsession ? Prouver qu’à l’origine, elles étaient terrestres.

Même si elles sont incontestablement des mammifères, cela ne va pas de soi.

Mais en 1994 le PAKISTAN, cette fois, livra les restes d’un spécimen fossile qui valait le détour : « une femelle, avec un bébé qui naissait la tête la première », d’une façon très « mammalienne ».

En outre, un autre éminent scientifique américain, Hans THEVISSEN, a choisi, pour démontrer que « les cétacés vivaient bien sur terre » avant de devenir aquatiques, de se tourner vers les preuves qu’apporte l’embryologie. Dans son repaire de l’OHIO, il nous présente une photo d’embryon sur laquelle apparaissent distinctement des « membres postérieurs ». Le spécialiste nous précise même que ces derniers apparaissent « après deux semaines de développement fœtal », pour, ensuite, disparaître « après quatre semaines ». Cet embryon qu’il nous montre est celui d’un AMBULOCETUS, cétacé antérieur à Basilosaurus sur la chaîne de l’évolution de cette espèce.

Le premier spécimen de baleine fossile connu à ce jour avait d’ailleurs, nous dit-on bientôt, « la taille et l’aspect d’un petit chien » (comme on nous le montre en nous présentant un dessin de la créature). Il avait toutefois déjà un « os du tympan de l’oreille » qui permettait de le relier aux cétacés, sans l’ombre d’un doute. Etait-ce « un cétacé qui marche » ou bien « un cétacé qui nage » ? Pour l’instant, les savants sont encore bien en peine de le préciser.

Reste, tout de même, que l’évolution des cétacés commence à devenir plus claire : il y aurait, à ce que l’on sait, un continuum entre le spécimen « chien » (terrestre ?) et l’immense et méconnaissable baleine actuelle (aquatique), en passant par l’inévitable étape intermédiaire, celle du spécimen « de la taille d’un crocodile », qui existe aussi, et que l’on suppose « amphibie ».

De son côté, le paléontologue égyptien Mohammed ANTAR a déniché un « nouveau spécimen », plus volumineux encore que l’était le pourtant monstrueux Basilosaurus.

On ne le répètera jamais assez, « chaque découverte répond à des questions, mais nous en ouvre bien d’autres ».

Que nous révèleront encore ces précieux gisements de cétacés fossiles que sont l’Egypte, la frontière entre le Pakistan et l’Inde et certains endroits de l’Amérique du Sud ?

La trilogie des « Mystères paléontologiques » prend fin avec l’évocation de ce « cas hors du commun » qu’est le DODO, ce « drôle d’oiseau » tellement « attachant » qui vivait autrefois sur notre chère bonne vieille terre.

D’abord, nous voici à NEW-YORK où un artiste finlandais s’est mis en tête de « faire revivre » le malheureux volatile éteint, qui « existait encore au XVIIe siècle , sur l’Île Maurice » . Pour ce faire, notre artiste (un peu farfelu) se lance dans une « enquête de détective ». Il s’agit, pour lui, de savoir à quoi pouvait ressembler l’oiseau.

Mais le résultat le déçoit, puisqu’ « il n’y a pas de réponse ».

Personne, en fait, ne connait le véritable aspect de cet animal devenu mythique.

Poussé dans ses retranchements, notre Finlandais obsessionnel en sera réduit à se rendre dare-dare à l’Île Maurice, qui a fait du volatile son emblème.

INSTITUT MAURICIEN DE PORT-LOUIS : interrogé, Anwar JANOO se met à nous parler du dodo.

Surprise : « le dodo a un ancêtre, forcément, pigeon ». Ce n’est rien d’autre qu’ « un pigeon, qui a grossi, et grossi encore ». Et pour cause : pendant des millénaires, il n’a pas eu de prédateur. Il a volé vers l’Île Maurice, puis s’y est fixé et s’y est trouvé si bien…qu’il est devenu terrestre ! Une jolie histoire, non ?

En somme, tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes (paradisiaques) si, au début du XVIIe siècle (exactement en 1601), dans la BAIE DE MAHEBOURG, il n’avait pas rencontré l’Homme sous l’espèce de « la flotte néerlandaise de la Compagnie des Indes » !

Eh oui, ce sont les Hollandais, les responsables de son massacre !

C’est, par ailleurs, aux mêmes Hollandais que l’on doit « les uniques dessins d’un dodo vivant », conservés encore aujourd’hui aux Pays-Bas, au coeur d’un musée, dans un très vieux livre de bord.

Le dodo se comportait comme un gros dindon plutôt emprunté. Pour les Hollandais, autant dire que c’était là du pain béni, et ils s’en donnèrent à cœur-joie : « ces oiseaux sont attrapés sur l’Île Maurice en grandes quantités, parce qu’ils ne volent pas ».

Toujours à Port-Louis, l’on nous présente Emmanuel RICHON, « érudit du dodo » mauricien. Il nous apprend que pas moins de « sept thèses » ont couru sur les raisons de la disparition de l’oiseau-légende ; « toutes étaient fausses », s’empresse-t-il d’ajouter, avec un grand sourire.

Il nous détaille l’explication, la vraie, la brute de décoffrage : « les Hollandais arrivaient par grands convois de navires bondés de gens et ils considéraient toutes les îles comme des garde-manger, de plus, ils ont introduit dans l’île des tas d’animaux, comme les cerfs de Java ou les rats, qui sont très vite devenus envahissants » et ont concurrencé, avec succès, une faune locale qui n’était pas de taille.

A Maurice, le site du lieu-dit LA MARE AUX SONGES a révélé aux fouilleurs « beaucoup de fossiles de dodos », accompagnés de « pollens », de « restes de tortues », de sorte qu’on se fait une idée plus exacte de l’écosystème dans lequel le gros oiseau évoluait.

Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que « l’Île Maurice est l’île océanique qui a été colonisée le plus tardivement par le genre humain », et que, par conséquent, elle dispose de « données historiques extrêmement bonnes »(au rebours, par exemple, des îles qui, comme la Nouvelle-Zélande ou l’Île de Pâques, ont été colonisées par des peuples qui ne faisaient pas usage de l’écriture)

A l’ÎLE AUX AIGRETTES, Vikash TATTAYAH s’est fixé pour tâche « la reconstruction d’un écosystème typiquement mauricien ». On peut ainsi y voir le Cardinal de Maurice, un tout petit oiseau local qui a bien failli disparaître.

Emmanuel Richon, là-dessus, en profite pour souligner, avec raison, qu’ « il y a beaucoup d’espèces qui ont disparu à Maurice », parmi lesquelles la moindre n’est pas le « lézard géant de Maurice », qu’il affectionne tout particulièrement, et dont, hélas, personne, désormais, ne parle plus.

Alors, ne peut-on pas se demander pourquoi on parle tant du dodo ?

En fait, si l’oiseau est si connu, c’est…pour des raisons purement littéraires !

En effet, c’est à « ALICE AU PAYS DES MERVEILLES », ouvrage dans lequel il figure notamment sous la forme de gravures, et donc à l’auteur britannique Lewis CAROLL qu’il doit d’avoir ainsi focalisé sur lui l’attention du monde.

Mais, dans tout ça, qu’est devenu le rêve de notre artiste finlandais de New-York ?

Ressusciter le dodo…et bien, ce n’est pas lui qui aura cet honneur…mais un autre habitant des Etats-Unis, Phil FRALEY, dans son atelier géant voué à la « reconstruction » d’animaux disparus et actuels. Répondant à une commande émise par des Singapouriens, l’américain a réussi, enfin, l’exploit de « fabriquer un dodo le plus réaliste possible ».

Ce dodo-là, le film nous donne une belle occasion de l’admirer sous toutes les coutures et, au passage, de lui trouver un vague air surpris et pensif.

Il paraitrait même que la « couleur de son plumage », brunâtre, plutôt terne, serait exacte !

Voilà qui va très certainement combler les Mauriciens de joie…

P. Laranco


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