Oussama Ben Laden est mort : Justice est-elle réellement faite ?

Ce matin, à mon réveil, j'ai eu comme des millions de personne, la surprise d'apprendre qu'Oussama Ben Laden avait été tué lors d'échanges de tirs avec les américains. Avec le temps, on avait presque fini par l'oublier. Il faut dire qu'en 10 ans, les pays occidentaux, Etats-Unis en première ligne, ont tellement usé de la peur d'Al Qaeda et du terrorisme, ont tellement utilsé la figure de Ben Laden comme repoussoir pour imposer un peu partout des politiques sécuritaires et anti-démocratiques qui servent en premier lieu les intérêts des puissants, que l'on avait fini par croire qu'il n'était qu'une chimère, un graal inatteignable qui finalement arrangeait les affaires de tout le monde, en tout cas celles des dirigeants des grandes puissances et des terroristes de tout poil.

Rien que pour cela, la nouvelle est d'importance. Une page sombre de l'histoire se referme, est celle qui s'ouvre promet d'être meilleure. D'ailleurs, une petite question me vient à l'esprit : y a-t-il un lien entre les formidables mouvements d'ouverture et de liberté un peu partout dans le monde arabe, et la mort soudaine du symbole du fanatisme et de l'obscurantisme ? 

Toutefois, si comme beaucoup de monde je me réjouis des perspectives nouvelles qui s'ouvrent à la diplomatie mondiale,  il y a quand même des choses qui me gênent dans l'annonce de cette mort. A commencer par les scènes de liesse un peu partout aux Etats-Unis. Je les trouve déplacées, comme je trouve inconvenant de se réjouir de la mort d'un homme quel qu'il soit, et quoi qu'il ait fait. Je comprend le soulagement du peuple américain, mais un peu de retenue aurait été bienvenu.

Mais surtout, ce qui me chagrine, c'est l'empressement qu'a eu le président américain à aller devant les caméras et à prononcer cette phrase : "Justice is done" (justice est faite). Je suis peut-être naïf, mais il me semblait que la justice ce n'était pas cela, que la justice se rendait à la suite d'un débat contradictoire et équitable, où l'accusé pouvait se défendre et où la vérité pouvait éclater au grand jour. Il me semblait que c'était là un des principaux éléments qui distinguait la civilisation de la barbarie.

Justice n'a pas été rendu, car Oussama Ben Laden n'a pas été jugé. Mais qui avait intérêt à ce qu'il le soit réellement ? Certainement pas les Etats-Unis d'Amérique qui auraient dû apporter les preuves de la culpabilité d'Oussama Ben Laden. Ils ont donc préféré la loi du Talion, celle-là même qui appliquée par ceux qu'ils ne répugnent pas à appeler des barbares.

En cela, si la mort de Ben Laden peut être source d'espoir, elle est aussi souce d'inquiètudes. En se mettant au niveau de leurs ennemis, en utilisant leurs méthodes, les américains continuent à créer du ressentiment contre eux. Et un sentiment d'injustice. 

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