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Comprendre les sacs des filles

Publié le 02 mai 2011 par Dailyconso
Le sac des filles… Non, Messieurs, ce n’est pas un simple accessoire de mode. Si vous l’écoutez, il est prêt à vous raconter des tas d’histoires, les nôtres. On y met tout, le futile comme l’essentiel et il nous suit partout. Pour percer son mystère, nous avons rencontré Jean-Claude Kaufmann, sociologue et auteur de l’ouvrage, Le sac, un petit monde d’amour.

Dailyconso : Les sacs, ça nous intéresse, nous les filles. Mais vous, qu'est-ce qui vous a poussé à plonger le nez dedans ?

Jean-Claude Kaufmann : Je suis curieux par nature, et sociologue ! Un cocktail explosif qui me donne toujours envie de creuser. Il est rare de voir une femme sortir sans son sac à main et j'étais donc curieux de savoir pour quelles raisons. Le sac a beau être un objet banal, on sent qu'il va être rapidement bavard. Je me suis donc contenté de le faire parler.

Dailyconso : Alors, qu'est-ce qu'on y trouve dans ces sacs ?

Jean-Claude Kaufmann : On a l'impression que l'on va toujours retrouver les mêmes objets. C'est une idée reçue même si chaque sac répond à un schéma bien précis. Chacun contient trois catégories d'objets différents. Il y a tout d'abord les essentiels, comme le téléphone portable, les clés ou la trousse de maquillage. Mais même ces objets les plus standards ont des choses à dire. Les clés peuvent être accrochées à un gros porte-clés avec des gris-gris ou un simple trousseau. Le téléphone portable peut afficher un fond d'écran personnalisé. La trousse de maquillage peut contenir un seul rouge à lèvres ou tout un fatras. Bref, les combinaisons sont multiples. On y trouve ensuite les objets qui servent aux autres. Cela se produit généralement en même temps que l'arrivée de l'enfant. Viennent alors se nicher les mouchoirs, les lingettes désinfectantes ou encore les affaires du mari. Puis, on trouve tous les objets que je dis inutiles mais qui sont porteurs d'affection et de relation sociale comme les gris-gris, un caillou, une photo papier, etc.

Dailyconso : Tout ce joyeux fatras se mélange dans le sac. Y a-t-il cependant une hiérarchie ?

Jean-Claude Kaufmann : Même les plus organisées ont du mal à garder leur sac bien rangé car souvent tout se mélange. Mais généralement dans le fond du sac se trouvent les objets que l'on n'a pas envie d'exposer, comme les protections hygiéniques, les sous-vêtements ou les objets qui révèlent une faiblesse. Et puis, vous le savez, celles qui portent toujours le même sac oublient rapidement les objets qui se trouvent au fond. Celles qui changent plus régulièrement sont obligées de faire un peu de tri.

Dailyconso : Certaines femmes voyagent léger, d'autres transportent leur vie. Et il existe une sorte d'incompréhension entre ces deux types de femmes. Pourquoi certaines n'ont besoin de rien quand d'autres veulent tout à disposition ?

Jean-Claude Kaufmann : Vous avez raison mais pourtant l'objectif est le même pour toutes : essayer d'alléger sans cesse leur compagnon. Celles qui se contentent du minimum ne veulent pas de ce poids sur leurs épaules. Elles veulent pouvoir se sentir libres, ne pas être entravées. Alors que les autres cherchent à se sécuriser pour que " au cas où " elles aient sur elles ce qu'il faut !

Dailyconso : Passons maintenant au sac, le contenant. Qu'est-ce qui déclenche le coup de coeur ?

Jean-Claude Kaufmann : Il faut savoir que le sac à deux vies. La première, c'est lorsque le sac joue le rôle de complice. C'est celui qui aide, qui accompagne, qui est presque invisible. Dans sa deuxième vie, il est plutôt considéré comme un accessoire mode. Beaucoup de femmes sont attachées à la première vie du sac, notamment les passionnées qui fonctionnent au coup de coeur. Quand ces dernières craquent pour un sac, il s'agit d'un vrai coup de foudre. La première fois qu'elle le touche, l'odeur du cuir qui les prend. Elles sont même capables de craquer pour des sacs qu'elles n'utiliseront pas forcément. Bref, la passion est plus forte que tout ! Alors que d'autres ont un raisonnement plus réfléchi lorsqu'il s'agit d'acheter un sac. Elles peuvent avoir un coup de foudre pour un sac dans une vitrine mais prendront le temps de la réflexion. Et certaines finissent par acheter toujours le même type de sacs, pour la façon de le porter par exemple.

Dailyconso : La marque peut-elle également créer le "coup de coeur" ? Pourquoi est-ce toujours si important de porter telle ou telle marque ?

Jean-Claude Kaufmann : Nous vivons dans une société de compétition et d'évaluation perpétuelle. Chacun se note lui-même en ayant au préalable noté les autres. Notre objectif est donc de défendre l'image de soi que l'on rend aux autres. Si vous portez un jean lambda mais que vous avez à l'épaule un sac griffé, vous marquez tout de suite un bon point. A condition évidemment d'avoir en face de vous des personnes qui ont les mêmes codes que vous.

Dailyconso : Vous dites dans votre livre que porter un sac à mains marque le passage à l'âge adulte. Mais les jeunes filles en portent déjà. En quoi le sac fait-il adulte ?

Jean-Claude Kaufmann : C'est surtout la taille du sac qui marque le passage à l'âge adulte ! Au moment de la jeunesse, le sac est relativement petit mais il grossit au fur et à mesure que vous grandissez. On peut observer une tendance qui se généralise depuis une vingtaine d'années maintenant : le grossissement des sacs. Le cabas a la cote et permet de ranger énormément de choses à l'intérieur. Cela est du au fait que tout soit mélangé, la vie professionnelle comme la vie personnelle. Et aussi parce que le cabas est très tendance !

Dailyconso : Un mystère plane toujours autour du sac des filles. Qu'est-ce qui fait que l'on n'ose pas fouiller dans le sac des autres ?

Jean-Claude Kaufmann : Sachez qu'il est très rare de dénicher un objet sulfureux dans un sac mais cela n'empêche pas ce dernier de contenir une foule de petits secrets quotidiens. Par exemple, un mouchoir un peu usagé que l'on n'a pas envie de montrer, un petit mot rédigé par un ancien amour ou des médicaments qui peuvent révéler une certaine faiblesse. Le moindre objet peut raconter beaucoup de choses sur la personne, sur son intime. Certaines femmes se sentent alors agressées lorsqu'on y touche ou quand on y plonge notre main.

Dailyconso : Et nos hommes alors. Pourquoi n'ont-ils pas encore leurs propres sacs et continuent-ils à entreposer leurs affaires dans nos sacs ?

Jean-Claude Kaufmann : Jusqu'à aujourd'hui, les hommes utilisaient leurs poches. Mais ils ont maintenant plus d'objets même si ces derniers ont tendance à se miniaturiser. Les hommes ont donc de plus en plus de mal à ne pas avoir leurs propres sacs. Certains utilisent leurs sacs d'ordinateur pour y ranger les essentiels, d'autres se servent de sacs en bandoulière discrets. Une tendance très trendy se dégage également, le sac porté à la main. Mais le sac est un tel marqueur de l'identité féminine que cela soulève des questions. Donc c'est une tendance encore timide. En revanche, les hommes vont de plus en plus avoir leurs propres sacs, avec à l'intérieur essentiellement les indispensables.

Propos recueillis par A.D

Découvrez l'ouvrage de Jean-Claude Kaufmann disponible aux éditions JC Lattès, Le sac, un petit monde d'amour.



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