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Propos de comptoir

Publié le 03 mai 2011 par Mtislav
  
Propos de comptoirJ'ai un ami qui depuis longtemps s'exclame "FFF !" lorsque qu'il observe les moeurs navrantes de son entourage. Je ne sais pas ce qu'il pense de cette désormais fameuse réunion du 8 novembre 2010 réunissant à la Fédération française de football une vingtaine de cadres. Quelle chance de pouvoir lire le verbatim de cette réunion ! Le mot "racisme" avait été adroitement évité par Mediapart il me semble lorsqu'ils ont sorti cette affaire. Cela ne m'intéresse pas d'invectiver sans avoir des raisons solides. Et il y a le contexte. C'est un des arguments de ceux qui considèrent qu'on fait un faux procès à la FFF. "Vous ne prenez pas en compte le contexte !" De toutes façons, c'est très difficile. Le verbatim de la réunion est partiel, quelqu'un a rédigé des commentaires, ce qui aboutit à nous proposer un discours indirect.
"... un des participants rappelle que...""Laurent Blanc revient, insistant, sur ..."
Des ellipses ont été pratiqués par quelqu'un. Quelqu'un. Est-ce qu'il fait partie du contexte ?
"… près d’une heure plus tard, le sélectionneur des Bleus reprend la parole pour relancer le débat sur ces thèmes…"
On imagine ce qu'aurait pu être le véritable verbatim de cette réunion qui dure des heures. Ou bien qui a été interrompue par le repas. Tiens, on peut aussi se demander si ce qui a été dit à table fait aussi partie du contexte.
Sans compter les expressions du visage, les corps qui parlent. Les bras croisés. La tête entre les mains. Le nez qui s'allonge. Non, non, tout ceux qui la ramènent parce qu'ils lisent L'Equipe, vont au stade ou glapissent derrière leur téléviseur, tous ces spécialistes n'ont pas pris en compte le contexte.  Un nez ne s'allonge pas. Ils veulent continuer de croire à un rêve d'enfant.
A ce compte là, on ne peut plus faire confiance à personne. "Et pourtant, je l'aime Laurent Blanc !" Face à ces cris de désespoir, on se penche sur les propos. On les z-ana-lyse. Bien sûr, on pourrait se contenter d'écouter Alou Diarra ou Karim Benzema "de tout coeur avec Laurent Blanc". Ou Lilian Thuram qui dit le contraire. Ils font partie du contexte. Non, soyons honnête. Lisons.
Pourtant, ce qui est écrit noir sur blanc résiste. Est indécidable. 
François Blaquart: Il faut identifier. Parce que bon, c’est pas la couleur qui fait… Il y a des gens qui sont, de toutes façons et fondamentalement, de souche française.
Laurent Blanc: Mais bien sûr. Aussi français que toi et moi."
Ca me rappelle cette remarque adressée à un garçon à la peau un peu sombre et considéré comme un Français de fraîche date. Qui répondait qu'il était Français depuis Dupleix c'est-à-dire depuis bien plus longtemps qu'une bonne part des habitants de pas mal de provinces françaises. Le contexte de tels propos est un vrai gouffre. On peut penser à l'histoire, à la culture... Pour peu qu'on s'y intéresse, on abandonnera les acteurs de cette histoire en prenant soin de les laisser à leur contexte.
Nota : le lecteur aura compris, étant donné le contexte, à quel comptoir il est fait allusion dans le titre
photo : Pelé (grand footballeur)

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