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Centrales nucléaires européennes : pas de tests en cas de crash d’avion

Publié le 05 mai 2011 par Laplaceverte
Après la catastrophe de Fukushima, les pays européens s’étaient mis d’accord pour mener des tests rigoureux (« stress tests ») sur les 146 réacteurs nucléaires de l’Union. Ceux-ci doivent d’ailleurs débuter en juin. Mais voilà que le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung révèle que les scénarios impliquant un crash d’avion ou des erreurs humaines seront exclus des critères de résistance des centrales. Le lobby de l’atome fait du forcing…
Centrales nucléaires européennes : pas de tests en cas de crash d’avion

Les centrales nucléaires en Europe et en FranceCrédit photo : © AIEA / Floki Fotos - Fotolia.com


11 mars, au Japon : un séisme de magnitude 9 provoque un tsunami qui frappe la centrale de Fukushima. S’ensuit l’une des pires catastrophes nucléaires de l’histoire : explosions d’hydrogène, risque de criticité, émissions de radioactivité... Le monde découvre alors les dangers de l’atome. L’Europe aussi : les 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE réunis à Bruxelles décident dès le 25 mars de soumettre les 146 réacteurs du continent à des tests de sécurité complets (appelés « stress tests », en référence aux épreuves de résistance auxquelles doivent se soumettre les banques). Bon début…
Des dates viennent d’être fixées : lancement en juin et résultats en décembre. Reste à voir les critères. Et là, ça commence à coincer : un quotidien allemand, le Süddeutsche Zeitung, affirme aujourd’hui que l’Europe compte exclure les risques d’attentats terroristes, de chute d’avion de ligne et d’erreurs de manipulation humaine des scénarios extrêmes. Seuls les risques naturels (tremblements de terre, inondations, canicules,…) seraient ainsi considérés dans les tests, contrairement à ce qui était prévu. Le commissaire européen à l’énergie, Gûnther Oettinger, a beau répété que les « stress tests » seront « objectifs et sévères », c’est la soupe à la grimace…« Le scenario du pire »« Sur la base du projet actuel, les tests proposés par l’Union européenne sont loin d’avoir la rigueur nécessaire pour évaluer correctement la sûreté de nos réacteurs et réduire le risque d’accident », fustige Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Et d’ajouter : « De quoi les autorités ont-elles donc si peur ? Que nos centrales se montrent défaillantes ? » Cette inquiétude est d’ailleurs partagée par le ministre de l’Environnement autrichien, Nikolaus Berlakovich, qui a aussitôt dénoncé la « faiblesse » des tests.Rappelons au passage que Stéphane Lhomme, ex-porte-parole du Réseau Sortir du nucléaire, avait été mis en garde à vue deux fois, en mai 2006 et en mars 2008, pour s’être procuré un document confidentiel défense issu d’EDF et reconnaissant que le réacteur EPR ne pouvait résister à un crash d’avion de ligne… La pièce à conviction est toujours en ligne sur le site de l’association.« Le triomphe du lobby de l’atome »Le Süddeutsche Zeitung y voit la marque du lobby nucléaire. Et un « triomphe ». Car selon un autre journal, le Financial Times, les Etats de l’Union auraient choisi d’appliquer les propositions de l’Association des régulateurs d'Europe de l'Ouest (Wenra, qui regroupe des agences et organismes de régulation du domaine de l’atome), publiées le 21 avril. Or celles-ci limitent évidemment les tests au risque naturel, mais impliquent également qu’ils soient menés non pas par un organisme indépendant, mais par les exploitants eux-mêmes…« Cela n’a aucun sens si les centrales se testent elles-mêmes », a fait remarquer M. Berlakovich. « Les exploitants sont les premiers responsables de la sécurité des sites. Il est donc de leur ressort de mener les évaluations, et de celui des autorités indépendantes de les réviser », argument la Wenra. Rien n’est encore décidé : le projet définitif sera présenté le 12 mai. Mais pour le quotidien allemand, pas de doute : ce sont la France et la Grande-Bretagne, les deux pays européens les plus nucléarisés, qui font pression sur l’UE pour assouplir les critères de tests. Et pour l’instant, elles semblent bien s’en sortir…Consulter le projet de « stress tests » de la Wenra (en anglais)

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