Noir d'Encre
Le Noir d'Encre
A tant broyer le Noir,
A mon chevet, le soir,
J'ai fini par l'adopter,
Et cet ami, seul m'est resté …
Patiemment, il guide ma plume,
Aligne ces vers blêmes comme la lune,
Moi, je me laisse faire, et je pense,
A ma vie de cendres, ma longue sentence…
J'ai tant rayé de lignes, tant froissé de feuilles,
Noircies par la nuit et par mon si long deuil…
J'en rage chaque soir, soit sont-ils trop maigres,
Soit n'y vois-je pas toutes mes visions aigres …
A présent, enfin, mon coeur à son tour,
Est noirci par mon âme, sans espoir de retour.
Je m'en vais donc à nouveau, de ce monde me retirer
Car il est seul assez sombre et cruel pour m'effrayer…
Je me suis bien essayé à ces vers enjoués,
Mais le Noir me rappelait chaque fois que j'étais voué
A ces longues plaintes, et que, par mes proses grises,
Je devais fouler aux pieds une jeunesse de méprise…
Pour trouver de quoi vous dire,
De quoi je souffre, d'où me viennent mes délires,
Je me saignerai, je chercherai mon ancre
Et mon sang d'ébène se fera mon encre
Avec elle et mes mots, je vous emmènerai…
Vous comprendrez un jour, je m'y acharnerai !
Car en mon calme royaume des ombres,
Moi seul saurai vous guider dans la pénombre…
Postscriptum
Tout ceci est senti, malheureusement...
please comment