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Construire des dynamiques de prise de pouvoir : Une émergence de terrain

Publié le 04 mai 2011 par Wilnton @pam_wilnton

Toute prise de pouvoir est un fait de terrain. On ne prend pas le pouvoir sur Internet, ni à partir de l’Etranger, ni simplement en prenant une bière au quartier. On prend le pouvoir en étant sur le terrain, sur la scène de l’action politique. Toute opportunité, tout mouvement social, toute élection avec un brin de régularité ou une force d’accompagnement populaire profite aux acteurs qui sont effectivement actifs et présents sur le terrain.

Il est fort important que cela soit bien compris par tous. Nous reviendrons lors de cette série sur les rôles divers et importants de l’ensemble des composantes sociales qui peuvent agir et influencer l’avènement d’un leadership populaire et plus en phase avec les aspirations du peuple et d’un gouvernement nouveau à la tête d’un pays. Mais il est important de poser le postulat que la clé d’une dynamique de changement de pouvoir est qu’elle vient du terrain.

Il faut qu’il y ait sur le terrain des hommes qui agissent. Il faut que leur influence soit importante. Il faut qu’ils occupent la scène et que le peuple leur donne un visage et des noms. Et il faut qu’ils soient en contact avec le peuple autrement que par des communiqués et des appels sur Internet ou dans la presse.

Les mouvements qui prennent le pouvoir sont sentis. Ils ont à leur tête des personnes qui sont tout le temps avec le peuple. Il ne s’agit pas de personnes qui sont ressentis de manière épisodiques, à l’occasion d’une élection, d’un débat à la télévision, d’une loi controversée…Ceux-là s’évanouissent vite dans l’esprit du peuple et le peuple finit par ne plus s’identifier à eux. Une dynamique de prise de pouvoir proche des aspirations profondes du peuple accompagne le peuple dans son quotidien et au quotidien. Elle est avec lui, elle lui parle et le peuple lui parle. Cette dynamique peut être faite de quelques leaders ou de plusieurs figures. Ces figures peuvent même être opposées, mais la reconnaissance du peuple unit leurs actions. L’histoire des révolutions et des changements radicaux de pouvoir est faite de cette démarche. J’écoutais encore hier un ancien camarade de Sankara me raconter la différence qu’il y’avait entre Sankara et Compaoré aujourd’hui. Il me disait que le coup d’Etat qui a porté Sankara au pouvoir en 1983 était remarquable et réussi parce que Sankara était en complète phase avec les militaires et le bas peuple burkinabé…et que les bruits sociaux et les agitations des militaires aujourd’hui au Burkina sont liés au fait que Compaoré n’a plus aucune idée de comment le peuple vit.

Mohamadou Issoufou, l’actuel président du Niger a été l’une des oppositions les plus fortes au président Tandja sous le Tazarché…Cela lui a valu d’incarner aujourd’hui une nouvelle dimension de la démocratie au Niger. Nelson Mandela aura été sur la rue, sur les podiums…avant de devenir celui que nous connaissons… Alpha condé en Guinée entre dans l’histoire de la Guinée comme le premier président élu…après des années de combat et de travail sur le terrain. Et je puis vous assurer que si vous fouillez partout où il y’a eu des prises de pouvoir proches de l’aspiration du peuple, des dynamiques de terrain existent qui sont différentes de l’opportunisme politique saisonnier.

C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai de l’admiration pour Kah Walla, Jean-Marie Nitcheu et Louis Tobie Mbida. Ils ont engagé une action politique différente et qui est fondée sur le travail de terrain, sur les échanges avec le peuple et sur une présence effective. Et je pense que de ce rang, figure également quelques figures du RDPC, qu’on le veuille ou non. Je pense qu’ils entreront mieux dans l’esprit des camerounais que la plupart des autres leaders qui ont choisi l’action saisonnière, virtuelle ou à l’Etranger simplement.

Lorsqu’il y’a des figures de terrain, c’est donc autour de l’action qu’ils engagent que se mobilisent l’ensemble des autres actions externes ; directement ou indirectement. Bien sûr, je ne prétends pas que cela suffise d’être sur le terrain…et la douzaine d’articles qui suivrontt démontreront qu’il faut de plusieurs ingrédients pour arriver à construire une dynamique de prise de pouvoir intéressante. Mais je préfère commencer par ce point afin que les activistes du net et des communiqués, réfléchissent à un moyen de servir les dynamiques de terrain existantes, en prenant parti pour des noms connus ou pour des processus connus sur le terrain.



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