L’histoire se termine bien pour Denis Robert. Après 10 ans de bataille judiciaire, la Cour de Cassation a, le 3 février dernier, annulé les trois condamnations pour diffamation dont il était l’objet, reconnaissant sa bonne foi et le sérieux de son enquête sur Clearstream. Le journaliste, blanchi définitivement, retrouve sa liberté d’expression.
Dans la bataille du pot de fer contre le pot de terre, contre toute attente c’est ce dernier qui a gagné. La curiosité de Denis Robert et ses révélations sur les étranges pratiques de la chambre de compensation Luxembourgeoise ont bien failli lui être professionnellement fatales. Retour sur une décennie de coups fourrés.
En 2001, très embarrassée de voir révélées au grand jour des pratiques susceptibles de qualification pénale, la banque des banques par laquelle transite des sommes colossales(11 000 milliards € en 2011), choisie en guise de stratégie de défense, l’attaque. Tout est fait pour discréditer son accusateur. Une cabale relayée par certains médias cloue au pilori le journaliste en tentant de le faire passer pour un affabulateur. Parallèlement de très nombreuses procédures sont engagées contre Denis Robert (une soixantaine de procès et plusieurs centaines de visites d’huissiers) afin de l’assécher financièrement et d’empêcher la diffusion de ses livres et documentaires.
Aujourd’hui, l’opacité de Clearstream et sa double comptabilité sont avérées. Le plus troublant reste que face à des révélations de cette ampleur, les médias et la classe politique aujourd’hui encore ne retiennent que l’aspect annexe, baptisé Clearstream 2, et les fameux faux listings mettant en cause de nombreuses personnalités françaises dont Nicolas Sarkozy. Une entreprise de diversion qui continue à fonctionner à plein, alimentée par un président de la république qui n’a pas hésité à instrumentalisé les moyens de l’Etat dans une vengeance personnelle à l’égard d’un ancien Premier ministre promis à des crocs de boucher.
La mise à jour des mécanismes les plus secrets de la finance internationale devrait pourtant nourrir la réflexion de ceux qui déclarent avec des coups de menton volontaires réformer un capitalisme financier sauvage qui a failli provoquer le collapsus de l’économie mondiale en 2008.
A la mi-avril, une Commission d’enquête du Sénat des Etats-Unis a rendu public un rapport accablant pour le système financier américain. Le document mis en ligne par le New York Times pointe notamment le rôle de la banque d’affaires Goldman Sachs et de sa consœur allemande Deutsche Bank.
Ici sur le vieux continent, Denis Robert demande en vain la mise en place d’une commission d’enquête européenne sur le fonctionnement de Clearstream, rachetée depuis par un groupe allemand , comme chambre de compensation mais également sur le jeu trouble du Luxembourg, paradis fiscal et judiciaire niché au cœur de l’Europe.
En France, le trés intéressant rapport de la mission parlementaire Peillon-Montebourg de 2002 sur ‘les obstacles au contrôle et à la répression de la délonquance financière et du blanciment des capitaux en Europe “ a vite été relégué aux oubliettes.
Le peu d’entrain de la classe politique française à ouvrir une telle boîte de Pandore s’explique aisément. Outil redoutable de dissimulation, le mystérieux établissement luxembourgeois reste utile voire indispensable pour des pratiques occultes de commissions ou de rétro-commissions autour de l’industrie de la défense qui malgré les textes continuent à circuler. Des expédients inavouables de plus en plus sophistiqués indispensables pour des campagnes présidentielles toujours plus onéreuses.
Vidéo 2 : Septembre 2009