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Montre moi ton cabinet, je te dirai qui tu es...

Publié le 07 mai 2011 par Aurélien Boillot
Montre moi ton cabinet, je te dirai qui tu es... LE CABINET D'HISTOIRE NATURELLE DE JEAN HERMANN
La reconstitution du cabinet d’histoire naturelle de Jean Hermann, au musée zoologique de Strasbourg, a été achevée en décembre 1988.
Savant du Siècle des Lumières appartenant au milieu médical et pharmaceutique de la capitale alsacienne, Jean Hermann était fils de pasteur et naquit à Barr le 31 décembre 1738. Après avoir été reçu docteur en médecine à Strasbourg en 1762, il devint professeur extraordinaire de Médecine en 1769, de Philosophie en 1778 et succéda en 1784 à J.-R. Spielmann dans la Chaire d'Histoire naturelle médicale. Lors de la création de l'École de Médecine de Strasbourg le 14 frimaire an III (4 décembre 1794), il est nommé professeur de Botanique et de Matière médicale, puis le 19 nivôse an IV (9 janvier 1796), professeur d'Histoire naturelle à l'École centrale du Bas-Rhin. Il était également directeur du Jardin botanique de Strasbourg, où il procéda à l'augmentation importante des espèces cultivées.
Sa bibliothèque était d'une richesse considérable : 12 000 à 18 000 volumes selon les sources, constituée par des ouvrages d'histoire naturelle et de sciences qui s'y rattachent. Ses livres étaient abondamment annotés de sa petite écriture fine, très serrée, mais très lisible. C'est ainsi, et entre autres, qu'on peut s'en rendre compte à la lecture des nombreuses notes insérées par ses soins dans son exemplaire de la deuxième édition du Dictionnaire de chimie de Macquer qui, par le nombre et la qualité des annotations et références bibliographiques, constitue un véritable complément inédit à ce monument de la chimie du XVIIIe siècle.
Montre moi ton cabinet, je te dirai qui tu es...
Par ailleurs, il avait constitué un cabinet d'histoire naturelle riche d'un très grand nombre de pièces naturalisées parfaitement choisies et conservées : 200 mammifères, 900 oiseaux, plus de 200 reptiles, de nombreux poissons, invertébrés et plantes séchées. C'est vers 1768 qu'il avait commencé à réunir son importante collection et, pour ce faire, il s'était inspiré d'un certain nombre de cabinets d'histoire naturelle alors réputés qu'il avait visités, en particulier celui de Duhamel du Monceau, dont il nous a laissé une description précise. Hermann, collectionneur avisé et savant distingué, considérait que la visite de son cabinet constituait une excellente illustration de son enseignement ; cela lui permettait en outre d'arrondir son traitement de professeur, ainsi qu'il ressort de la lecture de l'annonce publicitaire en date du 22 vendémiaire an IV (14 octobre 1795) par laquelle il fait savoir qu'il effectuera des visites pour les « personnes qui voudront se réunir pour se faire démontrer les pièces de (son) cabinet les plus intéressantes, à une heure et contre un honoraire convenus ».
Jean Hermann mourut dans la capitale alsacienne le 8 octobre 1 800, sept ans après que soit décédé son fils Jean-Frédéric, lui aussi naturaliste. En 1802, alors que son frère Jean-Frédéric, doyen de la Faculté de Droit, était maire de Strasbourg, son importante collection fut acquise par la ville pour la somme de 40 000 francs or plus d'un million de nos francs actuels importante pour l'époque, mais modeste en comparaison de la valeur des pièces exposées. Elle a constitué le fonds du Musée d'Histoire naturelle. C'est le gendre d' Hermann, le professeur Frédéric-Louis Hammer, qui en avait été nommé conservateur et qui l'enrichit d'un grand nombre de pièces rares.Montre moi ton cabinet, je te dirai qui tu es...
Ainsi donc maintenant, fantôme de cire à perruque poudrée, jabot de dentelle et redingote rayée, Jean Hermann, assis à sa table de travail, attend de nouveau les amateurs pour leur faire les honneurs du cabinet d'histoire naturelle qu'il avait amoureusement constitué dans sa maison au nom prédestiné de Zum Hanekrote, « Au cri du coq » en alsacien, et qui était située à l'angle de la rue Saltzmann et de la place Saint-Thomas.
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Source : Viel, C. Revue d'histoire de la pharmacie, 77e année, N. 280, 1989. pp. 30-33.

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