Le premier pas dans cette lecture est cette recette de gâteau, qui se complète au fil des pages. Comme une litanie, quelque récitation de vieille femme pour ne pas perdre la tête.
Une recette, si personnelle, qu’à travers elle, l’histoire de cette centenaire se transmet à sa petite-fille, Susan…petit à petit, par ajout de produit et tour de cuillère. Irina se raconte grâce à son gâteau café-café : ses amours, ses petits et grands bonheurs, ses rôles de femmes, son imbrication dans la Grande histoire. Mais aussi, à travers cette recette, la population de Batenda apparait…avec ses attentes et ses peurs.
Le gâteau est un présent, un acte de foi : une présentation au peuple accueillant, une offrande d’amour et une échappatoire, une sauvegarde de son identité. A travers les pages et les trois écritures (Irina, l’histoire à la troisième personne et Susan) il a une transmission féminine, une philosophie de vie : le gâteau se veut pour choyer les convives, comme une dégustation de mets délicats. Il faut une certaine lenteur pour apprécier. Il s’agit aussi d’un héritage en partage, ne serait-ce que dans le choix des produits : les biscuits thé bruns, le beurre de Normandie, les œufs blancs, le café corsé, Catuai ou Marago, de la gousse de vanille fendue, du sucre blanc raffiné pour ne pas déstabiliser le goût etc... « Et maintenant je comprenais que ç’avait été comme si, à côté de ma connaissance et de ma douleur d’adulte, mes rêves de petite fille avaient cheminé tranquillement, vécu leur vie propre, ignorants de la cruauté du monde. »
Il s’agit d’une belle transmission féminine, culinaire et émotionnelle…comme quoi à travers un gâteau énormément d’émotions peuvent passer. Voici les avis de Katell, de Cathulu, de Bellesahi, de Tamara, de Chiffonnette, de Stéphanie et bien-sûr les superbes billets de Lily et de Rose, experte des transmissions culinaires, un peu déçue.
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J’avais quand même envie de croquer dans le gâteau etLily me l’a permis, merci encore. « L’enchanteur et illustrissime gâteau café-café d’Irina Sasson » de Joëlle TIANO.