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Obama et le fog of war

Publié le 08 mai 2011 par Egea

Vous avez suivi, comme moi, la polémique de la semaine sur la communication de la Maison Blanche autour de la mort de Ben Laden. Photo, pas photo, pipeau, pas pipeau, .... Du coup, le porte-parole de la MB a expliqué les contradictions successives dans ce qui a été donné au public comme étant le résultat du "fog of war"

Obama et le fog of war
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Vous qui êtes des Clausewitziens avertis, vous avez immédiatement compris l'allusion à Clausewitz et à son fameux "brouillard de la guerre". Il faut croire que la plupart des autres commentateurs ne le connaissent pas, si j'en crois ce que je lis chez les Anglo-saxons et, plus drôle encore, les Français : on nous assène du "brouillard de guerre" ou "confusion de la guerre" à la place de ce qui n'est qu'une citation évidente de notre grand maître Carl von C. Mais on peut faire d'autres commentaires.

1/ Tout d'abord pour dire que finalement, ces contradictions sont rassurantes et justifient qu'il n'y a pas complot : y aurait-il eu complot, l'affaire aurait été préparée soigneusement avec un discours super policé..... les erreurs sont finalement rassurantes.

2/ Ensuite, il faut bien constater qu'il n'y a probablement pas eu de "brouillard de la guerre", au sens où on l'entend habituellement : il n'est qu'à penser à la photo montrée et remontrée de l’équipe regardant l'opération en direct... Si on part du principe que cette photo est vraie (et je le crois), cela prouve qu'il y avait justement,pour cette opération, une vision exacte de ce qui se passait en temps réel.

3/ Après, on peut évidement penser que l'opération a peut-être rencontré des difficultés non-planifiées; on lira ce billet de Charles Bwele. Le brouillard de la guerre, en l’occurrence, serait la distance entre ce qu'on a planifié, et l'exécution.

4/ Mais la vraie nouveauté, me semble-t-il, est celle de la maîtrise de la communication. Non des communications (ce qu'on appelait autrefois les transmissions et qui permettent, justement, de lever en partie le brouillard de la guerre) ; mais la communication, celle des médias. Là est au fond l'innovation : il ne s'agit pas d'un plantage (cf. ce billet, de Mars Attaque, et ce billet où je signalais un autre analyse) mais au contraire, de la volonté de maîtriser la diffusion des images.

5/ La non-diffusion des images de l'assaut ou de la mort de Ben Laden est le moyen de démontrer la plus grande maîtrise de la communication. Au fond, en laissant "les médias" dans le brouillard, on utilise sa propre domination ; en diffusant des extraits des vidéos saisies à Abbotabad, on démontre d'une part le ridicule de Ben Laden, mais aussi qu'on est réellement allé là-bas.

6 C'est pourquoi le porte-parole de la Maison Blanche avait raison d'évoquer le brouillard de la guerre". Mais alors que chez Clausewitz, c'était un inconvénient, c'est dorénavant un avantage ; alors que le maître ne parlait que des opérations militaires, le nouvel art de la guerre instrumente ce brouillard dans les opérations "other than war"

Voilà ce qu'annonce, réellement, le débat sur cette "communication". Il y a bien brouillard de la guerre....

Olivier Kempf


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