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Réforme du crédit conso : le point sur la loi Lagarde

Publié le 09 mai 2011 par Dailyconso
Les principales mesures contenues dans la loi Lagarde destinées à réformer le crédit à la consommation sont entrées en vigueur le 1er mai 2011. Des mesures censées protéger le consommateur qui souscrit un crédit renouvelable. Denis Cotte, fondateur du site moncreditpropre.com et spécialiste du crédit, met cependant en garde les consommateurs. Nous l’avons rencontré pour faire le point.

Dailyconso : Vous êtes le fondateur du site moncreditpropre.com. Pourquoi avoir créé ce site et qu'y trouve-t-on ?

Denis Cotte : Mon envie de créer ce site est née suite à un constat simple. J'ai remarqué que les informations véhiculées par les médias sur le crédit étaient principalement des reprises de communiqués ou de dépêches AFP. Finalement, très peu de journalistes dénonçaient les dérives et cherchaient à comprendre d'où venait le problème. J'ai donc lancé Moncreditpropre.com pour faire prendre conscience aux journalistes de la complexité du crédit revolving. Aujourd'hui, il s'agit plus d'un site grand public destiné à informer, conseiller l'internaute et à leur décrire les perversions cachées du revolving. Notez cependant que je ne suis pas un anti-crédit ! Je suis seulement contre le crédit renouvelable.

Dailyconso : 95% des cas de surendettement seraient liés au crédit revolving. Pour quelles raisons ?

Denis Cotte : On peut remarquer trois causes principales au surendettement, toutes criantes de vérité. Tout d'abord, le mode de détermination du taux d'usure. Il est aujourd'hui de 19% pour le crédit renouvelable et de 8% pour le prêt personnel. Les prêteurs ont tout intérêt à diriger les consommateurs vers la première option, surtout que pour souscrire un prêt personnel, vous devez montrer patte blanche. Lorsqu'une publicité vous propose de souscrire un prêt personnel à un taux intéressant, rare sont ceux qui finissent par l'obtenir. 80% des personnes qui appellent les prêteurs pour obtenir ce crédit finissent par souscrire un crédit revolving et ce sont bien évidemment les populations les plus pauvres qui sont concernées. Autre cause, la possibilité de réutiliser un crédit revolving. Résultat, le souscripteur n'arrive jamais à rembourser son crédit. Enfin, attention aux cartes de fidélité de paiement. Jusqu'à maintenant, les consommateurs ne savaient pas forcément qu'elles étaient par défaut à crédit. Ils l'utilisaient alors sans vraiment connaître les taux, montant de l'assurance et ce, à " l'insu de son plein gré ".

Dailyconso : Selon vous les lobbys ont réussi à torpiller certaines des mesures contenues dans la loi Lagarde. La réforme sur le taux d'usure va-t-elle en pâtir ?

Denis Cotte : Hélas, oui. Les nouvelles mesures sont entrées en vigueur au 1er mai 2011 mais pour la réforme du taux d'usure il faudra attendre le 1er avril 2013. Les établissements de crédit pourront donc toujours refuser d'octroyer des prêts personnels aux plus faibles afin de mieux les diriger vers des crédits renouvelables tant qu'ils ne serontt pas obligés d'aligner les taux du crédit renouvelable et du prêt personnel. La mesure sera alors contournée par les prêteurs qui continueront de proposer des prêts personnels avec des durées de remboursement très courtes que le consommateur faible ne pourra pas assurer. Le crédit revolving leur semblera alors la solution idéale...

Dailyconso : Une des mesures concerne également l'introduction d'une durée maximale de remboursement des crédits renouvelables. Cela va-t-il réduire le nombre de cas de surendettement ?

Denis Cotte : Pas du tout. Cette modification ne va strictement rien changer. Concrètement, la loi impose désormais aux prêteurs de commercialiser des crédits renouvelables dont la durée maximale de remboursement est de 36 mois si le montant du crédit est inférieur ou égal à 3 000 euros. Mais, c'est complètement inefficace puisque la durée de remboursement est remise à zéro à chaque fois que le crédit est réutilisé. C'est là tout le problème. La raison pour laquelle un crédit revolving ne se rembourse jamais, c'est parce que le montant de votre échéance n'augmente pas, c'est la durée de remboursement qui s'allonge. Et sachez que 75% des clients qui souscrivent un crédit revolving le réutilisent... Une réutilisation qui leur coûte au final 4 fois plus cher.

Dailyconso : Les clients sont-ils au courant de ces dérives ?

Denis Cotte : Pas vraiment. Vous savez, le vrai problème du surendettement, c'est la mal-information. Si les clients connaissaient réellement toutes les dérives de ce crédit, ils n'y souscriraient pas ou seraient plus vigilants quant à l'utilisation qu'ils en font. Les organismes ont l'obligation de vous informer sur les conditions lors de la première utilisation de votre crédit. Mais ils ne sont en aucun cas tenus de vous les rappeler lors de la réutilisation. Après tout, lorsque vous regardez attentivement les publicités, il est bien spécifié que les conditions sont valables " sans réutilisation " de votre part.

Dailyconso : Les cartes de fidélité qui servent à régler des achats sont elles-aussi concernées par cette réforme ? Les nouvelles mesures vont-elles permettre d'éviter d'entraîner le consommateur vers le crédit ?

Denis Cotte : Jusqu'à présent, ces cartes choisissaient par défaut le paiement à crédit. Depuis le 1er mai 2011, elles doivent vous proposer les deux types de paiement, comptant et à crédit. Si on ne vous le propose pas, le paiement comptant sera le choix fait par défaut. Le crédit ne pourra être activé que sur votre demande. En cela, la mesure est une avancée. Le problème réside dans la nouvelle obligation introduite par le texte de loi qui stipule que cette obligation concerne les cartes qui " ouvrent droit à des avantages commerciaux et promotionnels ". Une fois de plus, la loi sera facilement contournable. Certains des émetteurs de cartes pourront l'éviter en prétendant que leurs cartes offrent des avantages commerciaux mais non promotionnels (ou inversement). Il aurait alors fallu que le " et " soit en fait un " ou " pour que cette mesure soit réellement efficace.

Dailyconso : Quels sont les conseils que vous pourriez donner à un consommateur prêt à souscrire un crédit revolving ?

Denis Cotte : Si vous souhaitez financer un projet personnel, rapprochez-vous des établissements de crédit et insistez lourdement afin d'obtenir un prêt personnel. Plus les trimestres passeront, plus il sera facile d'en obtenir un car les taux d'usure du prêt personnel et du crédit revolving vont peu à peu s'aligner. Avant de souscrire un crédit, renseignez-vous auprès de 4 ou 5 établissements différentes pour connaitre les différents taux proposés et ainsi dénicher le meilleur. Après avoir fait une étude comparative de plusieurs organismes de crédit, j'ai constaté que jusqu'à présent, c'est Cetelem qui propose la meilleure offre avec un taux à 14,90%. Si vous avez la possibilité de rembourser plus par mois, dirigez-vous vers Mediatis qui propose un taux d'usure plus faible en fonction du montant que vous pouvez rembourser par mois. Enfin, dernier conseil et c'est de loin le plus important : si vous avez de nouveau besoin d'un financement, ne réutilisez surtout pas votre crédit revolving tant qu'il n'est pas complètement amorti. Il est préférable d'en ouvrir un nouveau que d'utiliser celui en cours.

Propos recueillis par A.D


Pour retrouver encore plus de conseils et d'informations sur le crédit à la consommation, rendez-vous sur le site www.moncreditpropre.com



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