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Europe : aube ou crépuscule ?

Publié le 09 mai 2011 par Hmoreigne

 Croître ou disparaître ? Dans son dernier ouvrage - Civilization, The West and the Rest - l’historien écossais Niall Ferguson avance que le déclin de l’Europe mis au grand jour par la crise financière de 2008 ne sera pas, contrairement à l’avis de la plupart des économistes, lent et progressif mais abrupt. L’histoire des civilisations semble lui donner raison. Aux européens de réagir et de prendre en main leur destin.

Selon Niall Ferguson, il n’y a pas de cycle de vie régulier des civilisations comportant une phase d’ascension, de règne puis de déclin mais des effondrements brutaux. La crise de la dette publique européenne est aux yeux de l’historien un signal d’alarme qui rappelle des bouleversements majeurs du passé.

Niall Ferguson appuie sa thèse sur trois précédents. La fin de la suprématie espagnole au XVIe siècle, lorsque les deux tiers des revenus de l’Etat devaient être alloués au financement de la dette. La France à l’aube de 1789 quand les intérêts et amortissements de la dette représentaient 62% des revenus. La chute enfin de la Turquie ottomane au XIXe siècle minée par un service de la dette qui absorbait 50% des revenus. On pourrait ajouter à la liste l’effondrement brutal de l’empire soviétique.

Alors, même cause mêmes effets ? Erik Izraelewicz , directeur du quotidien Le Monde depuis février 2011 estime que les causes du déclin européen, ce sont les trois « D » : la démographie, la division et les déficits.

Le journaliste appuie sa pensée sur un article de l’économiste Robert Fogel qui juge que le déclin relatif de l’Europe va s’amplifier dans les prochaines années. Selon cette vision, en seulement l’espace d’une génération, le niveau de vie des européens devrait plonger et se situer en dessous de celui des chinois.

A l’inverse d’ Erik Izraelewicz, Niall Ferguson considère que le décollage économique de l’Europe il y a 500 ans est étroitement lié à l’extrême fragmentation de ses institutions politiques. «C’est parce qu’ils étaient divisés qu’ils ont régné», affirme l’historien qui voit dans la concurrence un élément qui facilite l’émergence des innovations et la propagation de la science.

La concurrence comme salut, on peut en douter. La Commission européenne en a fait l’un de ses dogmes pour des résultats calamiteux. Au contraire, les grandes réussites du type Airbus ou Ariane démontrent l’intérêt de coopérations inter-étatiques.

Outre la faiblesse préoccupante des sommes affectées à la recherche et au développement la question de l’organisation politique et de la dette publique sont primordiales. Jacques Attali rappelait dernièrement sur France Culture une moment particulier dans la construction des Etats-Unis, le 26 juin 1790 quand Jefferson, Hamilton et Madison décidèrent de donner aux Etats-Unis un budget fédéral et une capitale fédérale. Un acte fondateur qui permis alors d’apporter une réponse concrète à des états fédérés prisonniers de leur endettement. N’est-ce pas le déclic qui manque à l’Europe ? La question mérite d’être examinée.

Certes la construction européenne présente de nombreux défauts au premier rang desquels un autre déficit, démocratique celui-là. Pour autant, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. L’Europe n’est pas un mauvais outil même s’il a été mal employé. Il lui manque surtout de bons ouvriers, une classe politique à la hauteur dotée d’un minimum de vision. Arrêtons le dénigrement systématique l’UE, son rabaissement au rang de bouc émissaire de tous nos maux. Même actuellement imparfaite, elle constitue notre seule garantie pour l’avenir.

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