30 ans déjà ! C’est ainsi que Melclalex interpelle la blogosphère. Cela fait déjà 30 ans. Un certain 10 mai 1981, à 20 heures, une clameur inédite a retenti. Point de coupe du monde de foot ou de Lady Gaga à l’horizon, juste une renaissance, juste la simple sensation que les petites gens allaient enfin exister. Un vrai changement.
Le 10 mai 1981, je travaillais depuis 6 mois au salaire minimum d’alors, et commençais à avoir une petite idée de la manière dont le monde fonctionnait. J’avais voté Mitterrand, autant par esprit de contradiction familial que par réelle volonté de passer à autre chose. J’ai vu alors une France transportée, heureuse, légère, galvanisée. Il y a eu un changement de mentalités, il y a eu de grandes et réelles avancées, mais il y a eu aussi des frustrations, de vilaines manipulations, et quelques dossiers sombres et puants. Il y a eu ce sentiment d’une classe ouvrière lâchée, abandonnée à son sort pendant que la bourse s’envolait comme jamais. Au centre, il y a cette personnalité eminemment charismatique, mué très vite en monarque absolu, irrésistible, sublimement intelligent, mais aussi cassant et méprisant, intriguant, aux amitiés versatiles, au passé controversé, mystérieux et insaisissable.
J’ai évolué, moi aussi, dans ma perception des choses en France, en Europe et dans le monde. L’image de Mitterrand mêlant l’icône suprême et les réserves d’une partie de son propre camp a conduit au fameux «droit d’inventaire» qui pèse toujours dans les campagnes électorales. Ségolène Royal est bien placée pour le savoir. Avant d’être quelque part à droite ou à gauche, Mitterrand était surtout opportuniste et terriblement ambitieux, comme m’importe quel homme politique. Il appartient maintenant à l’Histoire et la gauche d’aujourd’hui doit trouver ses propres fondamentaux construits sur des réalités et des valeurs actuelles, non sur celles de 1981… Une toute autre époque.
J’attends impatiemment le 6 mai 2012. J’ai grand besoin de m’évader du tunnel qui m’étouffe depuis l’élection du petit agité. C’est une vie en parenthèse, où il est impossible de sortir de mon esprit un seul instant cette image qui influe aussi lourdement sur mon quotidien réel, et encore plus sur l’avenir de mes enfants. La victoire de la gauche, qui que ce soit, sera un big-bang, une renaissance salutaire dont on reparlera encore, dans 20 ans …
Justement, le 10 mai, c’est l’anniversaire de mon fils ainé. Il n’a pas connu tout cela. Il aura 20 ans… Si le coeur vous en dit, allez lui écrire 2 mots sur son blog d’étudiant en journalisme ou sur son twitter.
Comme cela, le 10 mai 2011, il s’en rappellera !