Portes visibles d'un Ciel que je voyais gros comme une maison. Pierres millénaires contre lesquelles je pensais m'y décalquer, effacer ma peau jusqu'à la rendre lisse et docile, raboter mon sexe forcément inutile quand le coeur s'enfièvre de ces folles espérances.
J'y ai eu mes habitudes, les ai aimées, mes abbayes ! En Calcat, Bellocq, je m'y revois encore, habillé d'espoir tant ce Ciel me parlait, tant j'étais sûr qu'il était à venir, en route, presqu'à ma porte, dans mes chaussettes en tout cas...
Ora et labora, prie et travaille : Le travail, monter le fumier des étables à brebis à la brouette, en faire, au fil des jours et des ampoules sur des mains ravagées, un tas haut comme une montagne. Afiner les fromages. Méditer dans les vergers et sur les bancs des chemins très privés des cloîtres. Prier. Et ces chants !
Puis, tsunami ravageur mais salvateur, éclair de conscience, je ne sais... Tout cela m'a laissé, j'ai rencontré heureusement la vie. La vraie vie.
Je ne brûle pas ce soir ce que j'ai adoré hier. Il me fallait sans doute en passer par là. Par toutes ces folies religieuses castratrices, désespérantes d'espoir, ferments sectaires, enfouissement mortifère et létal au soleil du grand jour, du plein ciel d'une jeunesse, d'une vie, qui doit se vivre. Qui doit se partager, qui doit se boire et se jouir.
Je pensais à vous avec effroi mes chères abbayes, quand au fil de ma vie je découvris, les turpitudes et les réseaux de l'après-guerre, centaines de nazis exfiltrés avec la complicité de la sainte église catholique et romaine ; avec effroi quand je pensais que j'avais dormi dans les draps de Paul Touvier, chef de la Milice, dans ceux du SS Klaus Altman-Barbie, le boucher de Lyon. J'en ai fait des cauchemars rétrospectivement ! Je ne vous ai pas maudit, non, je n'ai même rien pensé, je ne veux plus rien penser de vous, mes chères abbayes...
Vous existerez encore jusqu'à la fin des temps, mais le temps qu'il me reste je le passerai loin de vos murs. Je viendrai par instant près d'eux, comme la semaine passée à Cuxa, mais je ne franchirai plus jamais vos portes, je préfèrerai dorénavant les champs, les bois, les buissons et les clairières qui vous bordent. Je ne dormirai plus dans des draps sales, dans ceux à venir, par exemple d'une sainte femme qui devrait se clôturer prochainement selon son voeu, entre vos vénérables pierres, pour retrouver la vie, la paix, pour expier (?) l'inexpiable : Michèle Martin, criminelle d'esprit, complice diabolique et perverse, ex-femme de Marc Dutroux dont j'ai répugnance à écrire le nom. Je vous plains mes chères abbayes. Je vous plains.
Le coeur en paix, je hais de plus en plus les religions et les gardiens de leurs temples dont la conscience est aussi claire que les eaux pures et lustrales qui servent à refroidir les coeurs des ces monstres nucléaires de Fukushima, du Blayais et d'ailleurs, dont on nous cache toute la morbidité potentielle.