Le programme de recherche et d’innovation dans les transports terrestres (Predit) s’est ouvert hier à Bordeaux. Le nom est certes un peu compliqué et pas forcément séduisant mais ce carrefour d’échanges permet d’ouvrir le débat sur des sujets aussi divers et variés que la pollution de l’air, le bruit, la gestion du trafic, la maîtrise de l’usage de la voiture, le ferroviaire urbain, les transports collectifs ou de marchandises. Des problématiques qui nous concernent tous et qui pèseront lourd dans les années à venir avec le million d’habitants attendu sur la métropole bordelaise. Rencontre avec Michel Duchène, adjoint au maire de Bordeaux et élu en charge des transports et déplacements à la Cub.
Quelle est la place de la voiture aujourd’hui sur Bordeaux et son agglomération ?
MD : «A Bordeaux, nous avons beaucoup fait ces dernières années pour donner à la voiture sa juste place notamment avec l’arrivée du tramway et avec la mise en place d’un secteur à contrôle d’accès de 80 hectares, unique au monde. Nous avons aussi imaginé une série de moyens pour développer des alternatives à la voiture. L’enjeu aujourd’hui se situe au niveau de l’agglomération et plus encore du SCOT (Schéma de cohérence territoriale de l’aire métropolitaine bordelaise qui englobe 93 communes Cub et hors Cub : ndlr) où les déplacements deviennent parfois insupportables pour les usagers de la route».
Comment maîtriser l’usage de l’automobile individuelle dans l’avenir ?
«Il faut développer les modes de transports alternatifs. Le covoiturage notamment avec la création de parcs relais dédiés et de voies réservées aux heures de pointe, de manière à réduire les temps de parcours et les coûts. Autre piste, la mise en place de navettes fluviales rapides en Gironde, de Langoiran à Ambès, car l’enjeu va d’un bout à l’autre de la Garonne. Enfin, je pense au vélo électrique rapide qui peut atteindre 90 km/h avec la création d’autoroute à vélo comme en Belgique. Ces voies dédiées permettent de se déplacer d’un centre urbain à un autre. Au-delà du grand Bordeaux, il faut réfléchir aux moyens qui permettront de limiter les embouteillages et la pollution».
Est-ce que cela sonne l’avènement de la tarification unique et intermodale ?
Il faut que les systèmes de transports en commun se connectent depuis l’extérieur de l’agglomération avec le système existant sur la Cub. Et pour cela il faut que le Département et la Région mettent des moyens conséquents.
Quelle contribution peuvent apporter les TIC en terme de pratiques et de gestion de la mobilité ?
«Parce que nous arrivons aux limites d’un certain nombre de pratiques, il nous faut trouver les moyens de rendre le système des transports plus attractifs et plus performants et à ce titre, je suis persuadé que l’informatique peut y aider. Grâce notamment à la géolocalisation, le numérique peut offrir un confort d’utilisation à l’usager des transports en commun qui souhaite passer du tram au bus puis au vélo».
La problématique du transport de marchandises et des livraisons en centre-ville fait également l’objet d’une vaste réflexion ?
«Ce qui pose problème c’est le dernier kilomètre pour les livraisons dans les hypercentres. L’idée est de créer des hôtels logistiques en périphérie où les colis seraient déchargés pour ensuite être reconditionnés et acheminés vers les points de vente grâce à des petits porteurs, moins polluants».•
Stella Dubourg