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RSA : Interview de Didier Marie sur les dérives sociales de la droite

Publié le 11 mai 2011 par Ps76

Didier_corrigee NB 01.jpgLes propositions de Wauquiez sur le plafonnement des minima sociaux et sur la mise en place d’un service social sont démagogiques et préoccupantes. Elles dénotent à la fois une méconnaissance totale des obligations déjà inscrites dans la loi pour les bénéficiaires du RSA et une volonté de la droite de stigmatiser les plus pauvres dénonce Didier Marie, Président du Département de Seine-Maritime.

Sur les obligations d’emploi, où est l’Etat ?

Didier Marie : Le Ministre semble ignorer que la loi RSA prévoit déjà que les bénéficiaires sont soumis à l’obligation de rechercher un emploi, de créer leur propre activité ou de suivre les actions d’insertion sous peine de voir leur allocation suspendue.
Aujourd’hui que se passe-t-il réellement ? En Seine-Maritime, comme ailleurs, dans le cadre d’une convention entre le Pôle emploi et le Département, les bénéficiaires du RSA qui peuvent travailler sont obligatoirement orientés vers le Pôle emploi qui doit les suivre. Mais les agents de ce service public de l’Etat ont-ils réellement les moyens d’assurer cet accompagnement vers l’emploi ? L’Etat manque à l’appel en n’assumant pas ses propres obligations.

Le Département de Seine-Maritime s’est fixé comme priorité de donner à ces personnes en difficulté plus de chances d’accéder à l’emploi, grâce à l’Aide Régionale à l’Emploi Insertion et à l’activation de la clause d’insertion dans les marchés publics départementaux. Le Département a aussi prévu pour sa part plus de 2000 contrats aidés pour 2011. Mais ces coups de pouce ne
devraient pas se substituer au travail d’accompagnement des conseillers de Pôle Emploi. Les collectivités se dotent des moyens nécessaires pour assurer leur mission d’accompagnement vers l’emploi, les contreparties sont inscrites dans la loi, mais l’Etat se
défausse encore.

Sur les minima sociaux, l’Etat veut plafonner un RSA déjà sous le seuil de pauvreté ?

Didier Marie : Tout d’abord la stigmatisation du bénéficiaire du RSA qui gagnerait plus que le travailleur pauvre est volontairement mensongère. Rappelons au Ministre que le SMIC net est de 1073€ pour une personne seule, alors que le RSA socle est à 410€ soit une différence de 663€. C’est du simple au double ! Pour un couple, selon les chiffres du ministre des solidarités, la différence est de 309€. Ce n’est pas négligeable ! La réalité, c’est qu’en 2011, quand on perçoit le RSA, on est endessous du seuil de pauvreté.

Le Ministre indique ensuite qu’il souhaite plafonner à 75% du SMIC tous les minima sociaux, se focalisant sur le RSA. En tant que ministre des affaires européennes, il devrait savoir que les études européennes démontrent que la France est dans la moyenne des pays de l’Union, avec des montants de minima sociaux à 50% du SMIC (ou équivalents européens). Certes l’Allocation Adulte Handicapé et le « minimum vieillesse » sont au-dessus, mais M.Wauquiez souhaite-t-il plafonner aussi ces minima-là ? Il devrait, dans ce cas, le préciser et arrêter les amalgames à des fins électoralistes.

Pour finir, M.Wauquiez fait l’apologie du travail à titre gratuit, ce qui signerait la fin des contrats aidés et contribuerait à dévaloriser le travail effectué aujourd’hui par des salariés ?

Didier Marie : Le gouvernement se moque des Seinomarins et je condamne fermement tout ce qui stigmatise une partie de la population pour mieux masquer l’incapacité de la droite à régler la question du chômage, de l’accompagnement vers l’emploi et plus largement de la précarité. »


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